Si la classe politique campe sur ses positions, Emmanuel Macron court vers sa réélection. Un duel LREM/RN semble à beaucoup déjà inéluctable.
Pour l’éviter, les partis politiques de droite ou de gauche doivent proposer un projet crédible et ne pas laisser à Macron le plaisir de « faire barrage ». Les Français ne sont pas des castors.
Sans doute est-il prématuré de tirer du scrutin de dimanche soir des conclusions fermes. Sans doute faudra-t-il un peu de temps pour confirmer le mouvement d’une partie de l’électorat macroniste vers EELV, et d’une part sensiblement égale de l’électorat traditionnel LR vers LREM, puis l’analyser.
Ceci étant, je ne crois pas me tromper en affirmant que ces élections européennes ont été un franc succès pour Emmanuel Macron.
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À LR, malgré un échec aussi inattendu que cuisant, il incombe avec les remises en cause nécessaires de ne pas succomber à la tentation de se « macroniser », et de prouver dans la défaite que les convictions portées étaient sincères : c’est la seule manière d’être crédibles, et peut-être à terme de convaincre.
Au RN enfin, vainqueur du scrutin, il incombe de voir et de dire clairement que l’origine ethnique est distincte de l’adhésion aux fondamentaux d’une civilisation, et que c’est la seconde qui importe vraiment.
Ne pas le faire serait sombrer dans les griffes de ses vieux démons, et se condamner au mieux à une position d’éternel second et de sinistre faire-valoir, trahissant ainsi un électorat de moins en moins protestataire et de plus en plus convaincu – et qui, en majorité, n’a rien de la caricature raciste et imbécile que certains en font.
À tous les quatre, il incombe de réfléchir, de débattre, de s’engager, d’agir. À chacun de nous aussi, quelles que soient nos convictions.
Il reste trois ans. Et tous les siècles à venir.