Les éleveurs de cinq pays européens, dont la France, ont demandé lundi au Parlement européen et aux États membres de rejeter l’accord UE/Mercosur, craignant pour l’avenir de leur secteur et la santé des consommateurs.
Parmi les signataires de cet appel, les éleveurs français, donc, mais également italiens, espagnols, irlandais et polonais.
L’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) se sont entendus le 28 juin sur un vaste traité de libre-échange négocié depuis 20 ans, et touchant près de 770 millions de consommateurs.
"Cet accord, qui facilitera l’accès au marché européen pour près de 100.000 tonnes de viande bovine sud-américaine supplémentaires, représente un danger économique pour toute la filière européenne de l’élevage bovin ainsi que pour la santé des consommateurs européens", estiment les différentes inter-professions dans un communiqué conjoint.
Arguant "d’exigences sanitaires, de traçabilité et environnementales moins strictes" dans les pays d’Amérique latine, les éleveurs estiment que cet accord, s’il était entériné, déstabiliserait "gravement le secteur européen de la viande bovine".
"En outre, près de 100.000 tonnes de viande bovine sud-américaine, produite avec des substances interdites en Europe et dans des conditions d’élevage peu ou pas réglementées sur le plan environnemental, notamment largement responsable de la déforestation, seront prochainement proposées aux consommateurs européens", poursuivent les éleveurs.
Fraude et système de traçabilité
Ils mettent également en avant le système de traçabilité et de contrôle sanitaire brésilien, "particulièrement en dessous de la moyenne", rappelant "les récents cas de fraude et d’exportation de viande contaminée vers l’Europe".
"Sur le plan économique, nos éleveurs ne pourront pas faire face à ce nouveau défi, dans un contexte déjà difficile compte tenu de l’effet cumulatif des accords commerciaux et des incertitudes liées au Brexit", estiment les éleveurs, qui "condamnent fermement cet accord politique et appellent les membres du Parlement européen ainsi que les États membres à rejeter l’accord".