Une enquête commandée par le gouvernement dresse un état des lieux inquiétant du fonctionnement de ce dispositif, qui soigne gratuitement certains clandestins.
« Fraude », « abus »… le rapport sur l’Aide médicale d’Etat (AME) commandé par le gouvernement à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) n’est guère rassurant.
Dans un document de 200 pages que Le Figaro a pu se procurer, l’IGAS dévoile les nombreux problèmes qui se cachent derrière ce dispositif, qui permet à tout étranger résidant sur le sol français de manière irrégulière depuis plus de trois mois d’être soigné gratuitement.
Les Algériens « nationalité la plus représentée »
Le rapport évoque d’abord l’un des systèmes « les plus généreux d’Europe ». Fin 2018, il concernait « 318 106 étrangers en situation irrégulière, dont la moitié vit en Île-de-France et les deux tiers viennent d’Afrique ».
Parmi eux, « les Algériens sont la nationalité la plus représentée », note le document. Au total, la note s’élève à 904 millions d’euros en 2018, soit une augmentation de 1,4% par an depuis cinq ans.
Par ailleurs, le rapport dénonce les excès de la migration pour soins, en analysant les données de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH), qui « permettent également de détecter des atypies ». « Les atypies les plus nettes concernent les accouchements, l’insuffisance rénale chronique, les cancers et les maladies du sang ; elles renforcent de façon convaincante l’hypothèse d’une migration pour soins qui n’est clairement pas un phénomène marginal », explique le document.
En partant de ce constat, l’IGAS considère « comme une priorité la lutte contre la fraude et les abus, qui fragilisent l’acceptabilité du dispositif et mettent en tension le système de santé ».
Le rapport « recommande plusieurs évolutions du dispositif » pour « lutter de façon visible et volontaire contre la fraude à l’Aide médicale d’Etat ». Il est notamment proposé d’« empêcher l’octroi de visas aux ‘touristes médicaux’ ».