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david MIEGE
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29 décembre 2019 18:36

Voilà plus de 20 ans que Jacques et Albert souffrent de la maladie de Parkinson. Mais ce n’est qu’en 2019 que les deux agriculteurs ont été reconnus en maladie professionnelle, en raison de leur exposition aux pesticides. Une reconnaissance bienvenue, qui double leur retraite.

“Je vais pouvoir faire un cadeau à mes petits-enfants. Avant, il n’en était pas question”, sourit Albert Chotard, 73 ans, barbe et cheveux blancs, quand on lui demande ce qu’il compte faire de sa nouvelle rente de 750 euros par mois.

L’agriculteur breton, qui vit seul dans une petite maison de Guer (Morbihan), se souvient d’avoir ressenti le premier symptôme de la maladie en 1997, à 51 ans, “en faisant du cheval”. “J’arrivais pas à mettre le pied à l’étrier”, dit-il.

 
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A l’époque, la maladie de Parkinson n’est pas encore reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs. Cela n’interviendra qu’avec le décret du 4 mai 2012 pour les agriculteurs ayant réalisé au moins pendant 10 ans des travaux “exposant habituellement aux pesticides”.

Des pesticides, Albert en a épandu beaucoup, notamment du lindane, un insecticide interdit en France en 1998, se rappelle-t-il. Après certains épandages, “j’avais les mains toutes jaunes, c’était impossible d’enlever ça. Je ne savais pas quel produit c’était”, raconte-t-il.

Mais, quand la maladie le frappe, ce passionné de tracteurs anciens, ancien membre de la FNSEA, qui touche 800 euros de retraite par mois, ne fait pas les démarches nécessaires pour être reconnu en maladie professionnelle. “J’y croyais pas”, dit l’agriculteur, qui parle et marche avec beaucoup de difficultés.

“Avec Parkinson, tu es figé, tu ne peux pas bouger, tu ne peux rien faire. Ça atteint tous les domaines, tout le corps, pas seulement la parole”, explique son ami Jacques Larcher, 66 ans, lui aussi diagnostiqué en 1998, à 45 ans. “Dès que tu fais quelque chose, c’est une corvée. Le moindre truc, il faut se battre pour le faire”, ajoute cet agriculteur retraité, qui vit chez sa mère à La Chapelle-Bouëxic (Ille-et-Vilaine) et a traduit “Le Petit Prince” en langue gallo.

“coupables de la maladie”

La maladie, “je savais bien que ça venait des produits chimiques”, assure Jacques Larcher. L’ancien éleveur se souvient notamment d’une “crise d’asthme carabinée après avoir utilisé des fongicides dans une serre”.

A la télé, il a bien entendu parler d’agriculteurs ayant obtenu la reconnaissance en maladie professionnelle. Mais “tout seul, on n’est rien face à la MSA (mutualité sociale agricole, ndlr). Je ne voyais pas par quel bout prendre ça tout seul. Je ne m’en sentais pas capable”, explique-t-il.

C’est finalement Michel Besnard, du collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, rencontré fin 2018 par l’intermédiaire d’un ami, qui s’est occupé de toutes les formalités pour Jacques et Albert. “Beaucoup de paysans se sentent un peu coupables de la maladie”, explique ce fils de paysan, qui juge “infime” le nombre d’agriculteurs faisant la démarche.

Jacques Larcher agriculteur à la retraite et souffrant de la maladie de Parkinson, dans sa ferme abandonnée à La Chapelle-Bouexic (ouest de la France), le 26 décembre 2019

Jacques Larcher agriculteur à la retraite et souffrant de la maladie de Parkinson, dans sa ferme abandonnée à La Chapelle-Bouexic (ouest de la France), le 26 décembre 2019© AFP Damien MEYER

Entre 2012 et 2017, la MSA n’a indemnisé que 196 agriculteurs frappés par la maladie de Parkinson, alors que les cas de Parkinson chez les agriculteurs se comptent par milliers, au vu des chiffres officiels. L’incidence de la maladie est en effet 13% plus élevée chez les exploitants agricoles que dans le reste de la population française, selon Santé Publique France.

La MSA sait tout mais ils ne font rien. Ils n’informent pas les gens alors qu’ils connaissent tout de leur vie. Et pour les paysans qui font la démarche, la MSA ne fait rien pour les accompagner, soit par inertie, soit par mauvaise volonté”, critique Michel Besnard.

Ce que conteste la Mutualité agricole. “Les accompagnements existent dans les faits pour les assurés qui le souhaitent”, assure Catherine Hinry, sous-directrice de la MSA Portes de Bretagne (Ille-et-Vilaine et Morbihan), qui dit regretter que les deux agriculteurs “aient eu le sentiment d’être insuffisamment accompagnés”.

A l’avenir, la dirigeante promet d’améliorer l’accompagnement “en mettant en place un parcours de reconnaissance (…) qui facilitera les échanges d’information”.

 

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