Aujourd’hui guéri du Covid-19, le président de la Fédération des Médecins de France (FMF), Jean-Paul Hamon, n’a pas de mots assez durs à l’encontre des autorités qu’il juge inaptes à gérer l’épidémie.
Fulminant contre un “système complètement décadent”, le médecin déplore l’abandon de la médecine libérale et fustige même le professeur Raoult pour la fiabilité de son étude sur la chloroquine. Entretien.
Valeurs actuelles. Vous dites que l’État aura des comptes à rendre. En quoi a-t-il pêché selon vous dans cette crise ?
Jean-Paul Hamon. Nous avons connu trois pandémies en quinze ans. D’abord la grippe aviaire en 2005, ensuite le H1N1 en 2009, qui a fait un flop, heureusement, et maintenant le Covid-19, qui est vraiment sévère.
La moindre des choses qu’on peut attendre de l’État, c’est qu’il ait des stocks de masques suffisants pour protéger la population médicale et paramédicale qui prend en charge les patients, mais aussi pour protéger les français.
L’Etat est incapable de faire suffisamment de tests en ce moment et de protéger la population. On est en train de monter un centre Covid-19 à Clamart (commune des Hauts-de-Seine où exerce Jean-Paul Hamon, ndlr).
Pour cela j’ai demandé à avoir, pour démarrer, au moins 200 masques FFP2. L’administration me demande d’aller les chercher dans le 19ème arrondissement, elle n’est pas foutue de nous envoyer le stock. On nous dit que les masques sont commandés, que les masques sont arrivés, mais on attend de les voir !
Jugez-vous, comme certains médecins, le confinement archaïque, au sens où une politique massive de dépistages et de traçage des malades comme en Corée du Sud serait plus efficace ?
Le confinement est la seule chose qui soit valable actuellement. Tracer les malades, c’est une technique qu’on a utilisée au début, mais on a très vite vu, avec ce qu’il se passait à Mulhouse et dans l’Oise, que les tentatives de pistages ont été limitées. Il aurait fallu tester tout le monde.
Beaucoup de personnes ont été hospitalisées à l’époque sans qu’on ne les diagnostique, car on ne pensait pas à cette maladie. Donc elle a pu se disséminer, rendant le traçage très difficile.