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david MIEGE
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18 avril 2020 01:32

Infirmier dans un hôpital public parisien, Pierre a contracté le Covid-19. Guéri, il reprend le travail et partage son expérience au micro de Sputnik. Entre les difficultés dues à cette crise sanitaire inédite et celles que dénonçaient depuis des mois les syndicats des soignants, son témoignage est émouvant et sans concession.

Pierre fait partie du «personnel soignant en première ligne»: il est infirmier depuis deux ans au service de suppléance de l’hôpital Lariboisière, à Paris. Chargé de venir en renfort dans les services en manque de personnel (en dehors de la réanimation), il a une vision transversale unique de cet établissement public. Guéri du Covid-19, le jeune homme s’apprête à reprendre le travail et partage avec Sputnik, à visage découvert malgré les risques encourus, sa vision des choses.

 

Au cours de sa carrière, Pierre a travaillé au sein des urgences de l’hôpital Lariboisière, avec «ses 250 à 300 personnes accueillies par jour» et a vu le service «systématiquement saturé».

 

Cette crise suit «une longue crise due aux réductions budgétaires»

Le jeune infirmier ne cache pas que dans les services d’urgence, le personnel a du mal à avoir des vacances et que l’«on demande toujours aux personnels de faire des heures supplémentaires». Ses aveux ne font que confirmer que l’hôpital public est en difficulté et en tension depuis des années, tous comme les services de gériatrie et les Ehpad.

«Malheureusement, on a l’habitude des difficultés,» souligne l’infirmier.
Néanmoins, on ne peut pas indéfiniment tirer sur la corde. «Cette crise sanitaire, brutale, avec un agent infectieux virulent qui touche beaucoup de monde, arrive au moment où le personnel hospitalier est essoufflé, où les structures ne sont pas forcément adéquates ou formées, par manque de moyens humains ou techniques», déplore Pierre. Il témoigne que suite «à la mécanique de gestion mise en place par différents gouvernements», suite à la «longue crise due aux réductions budgétaires, qui ont mis un gros coup à l’hôpital public», beaucoup d’infirmiers, de médecins et d’aides-soignants l’ont quitté.

 

«On se retrouve avec un hôpital public qui est déjà en difficulté au moment où arrive une difficulté majeure», martèle le jeune infirmier.

Néanmoins, Pierre, qui voit «la relation humaine comme la base du métier», ne quitte le «front», pour reprendre la métaphore martiale d’Emmanuel Macron, que parce qu’il se retrouve lui-même contaminé par le coronavirus.

«Après la crise, on espère être encouragés pour des combats équitables»

Au début de l’épidémie, les personnels de Lariboisière se sont très vite rendu compte que «les nouveaux patients avaient besoin d’assistance respiratoire». En conséquence, «les principes de précaution face aux agents infectieux» ont étés renforcés dans son établissement. Mais puisque les directives changeaient face à ce virus mal connu, «très vite, des services dédiés aux patients Covid ont étés organisés [dans le cadre de la restructuration d’urgence de l’hôpital, ndlr]: actuellement, c’est un immeuble entier.»

 

«Personnellement, je n’ai pas eu de problème avec le matériel de protection dans les différents services où je suis passé. Il a été donné au compte-gouttes, mais donné quand même», assure Pierre.

Malgré toutes les précautions, certains soignants n’ont pas échappé à la contamination, que ce soit «dans le milieu hospitalier, quand on n’a pas de temps de se préparer face à une intervention d’urgence» ou en dehors du cadre du travail. Sans savoir précisément à quel moment il a été contaminé, Pierre, après être passé par «une grosse fatigue et une perte de l’odorat» reprendra le travail bientôt.

«On aurait bien voulu être applaudi quand on a manifesté il y a six mois, un an, sourit Pierre. On est content de faire ce travail pour lequel on a été formés, mais la population devrait se rendre compte que l’on est beaucoup plus importants que certaines choses de la société actuelle.»*
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