C'est un fleuron de l'industrie française qui vacille. Victime d'une cascade de faillites qui a touché son principal partenaire britannique, le groupe toulonnais CNIM a été contraint d'accepter la « recherche de repreneurs et/ou d'investisseurs pour permettre l'adossement ou la cession de ses activités à des tiers à même de valoriser au mieux ses actifs. »
Ce sont les termes d'un protocole de conciliation présenté mercredi dernier au Tribunal de Commerce de Paris qu'a consulté « Les Echos ».
Les juges doivent définitivement l'homologuer au cours d'une prochaine audience prévue le 28 mai. Cette vente sera destinée au « remboursement de ses créanciers » et à « la pérennisation de ses activités », indique encore le document. Contactée, la direction de CNIM refuse de commenter mais confirme que la banque conseil Rothschild & Cie a été saisie de la recherche d'un acheteur.
Fondé en 1856, le groupe est un des principaux contributeurs français du programme de recherche nucléaire ITER et il est équipementier de premier rang de la Direction Générale des Armées. Il compte 2.600 employés et a réalisé en 2019 un chiffre d'affaires de 588 millions d'euros (-15 % par rapport à 2018).
En décembre dernier, le spécialiste du génie civil anglais Clugston travaillant avec lui depuis seize ans sur la réalisation d'usines clé en main de valorisation de déchets ménagers, a dû se placer sous la protection des autorités après la défaillance d'un sous-traitant clé et l'accumulation de pénalités de retard.
CNIM avait alors estimé l'impact financier de cette défaillance à 60 millions d'euros et son cours boursier avait dû être suspendu après avoir dévissé de plus de 20 %. Pour sauver le groupe, son pool bancaire (une quinzaine d'établissements) ainsi qu'un de ses partenaires industriels historiques, l'allemand Martin GmbH, ont accepté d'ouvrir de nouvelles lignes de crédit et de cautionnement pour un montant total de 400 millions d'euros, dont 44 millions de trésorerie destinés à couvrir ses besoins jusqu'à fin 2020.
Titres nantis, siège vendu
Pour obtenir ce soutien, le principal actionnaire (à 56,6 %), la holding familiale Soluni dirigée par Nicolas Dmitrieff, président du groupe, a dû se plier à de sévères concessions qui doivent être définitivement entérinées ce lundi 11 mai à l'occasion de l'assemblée générale du groupe. Les principales concernent la création de quatre fiducies auxquelles seront transférés et nantis les titres des différents pôles d'activités de CNIM (Bertin Technologies, CNIM Systèmes Industriels, CNIM Environnement, CNIM EPC).
En outre, le siège parisien du groupe, 1.400 m2 situés à deux pas des Champs Elysées, a été vendu pour un montant de 41 millions d'euros. Le syndicat FO, majoritaire, voit dans ce protocole le préambule à une vente à la découpe. « Trois conglomérats chinois sont déjà sur les rangs », indique son délégué Jean-Pierre Polidori. Compte tenu de la dimension stratégique du groupe, il réclame de l'Etat « une nationalisation partielle et temporaire » assorti d'une aide de 100 millions d'euros pour traverser cette crise.