Pour un diplomate français interrogé par “L’Opinion”, les images de la libération de l’otage française convertie à l’islam sont une excellente “propagande” pour les groupes djihadistes.
La libération de Sophie Pétronin a eu un coût humain : celle, en échange, de 204 djihadistes du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), auquel appartient notamment Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Et l’organisation terroriste n’a pas manqué de célébrer le retour de ses frères d’armes.
D’après L’Opinion, le leader du GSIM Iyad ag Ghali a organisé, vendredi 9 septembre, une séance de prière collective mais aussi un grand méchoui, dont les images ont été abondamment relayées sur les réseaux sociaux. De fait, cette libération constitue une publicité inestimable pour l’organisation djihadiste.
Réception des terroristes libérés des geôles du Mali du Burkina et de la Côte d'ivoire par Iyad ag ghali en personne en échange des 4 otages . Une fête a été organisée en leur honneur. Voilà le service après vente de la fameuse lutte anti-terroriste dans le Sahel . pic.twitter.com/pif9h2EWeQ
— Fenelon MASSALA (@rfemassala) October 10, 2020
« Havas n’aurait pas su mieux faire »
« Il n’y a pas de meilleure propagande pour Iyad ag Ghali », a confirmé un diplomate français à L’Opinion. « Les images de la conversion de Sophie Pétronin à l’islam, en djellaba et voile blancs immaculés, ont fait le tour de la planète.
Havas [le groupe publicitaire français, NDLR] n’aurait pas su mieux faire », a-t-il ajouté. D’autant plus que, dès son arrivée en France, l’ex-otage n’a pas tari d’éloges envers ses ex-geôliers, les qualifiant notamment de « groupes d’opposants armés au régime » et estimant qu’ils avaient « pris soin » d’elle.
Sophie Pétronin a également justifié la demande de ses ravisseurs pour la libération de leurs « militaires », indiquant qu’« ils trouveraient le chemin de la paix ». Du pain béni pour les chefs du GSIM qui cherchent à imposer un contre-discours pour séduire les populations, analyse L’Opinion.
De plus, la traque des djihadistes du GSIM ne semble plus être une priorité pour l’Elysée. Si l’armée française avait fait de ces combattants du nord du Mali des cibles prioritaires, la montée en puissance de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) a obligé la France à revoir sa stratégie. « Au Nord Mali, la priorité est plus de renouer avec la dynamique de l’Accord de paix d’Alger que d’engager Barkhane », fait d’ailleurs valoir l’Elysée auprès du quotidien.