Malgré ses promesses et en dépit du bon sens, Emmanuel Macron impose le principe de précaution à toute la population plutôt que d’isoler les malades et les personnes fragiles, comme en Corée du Sud, estime Grégory Roose.
La France est de nouveau immobile, ou presque. Après un été où toutes les trophallaxies furent permises, lors des fêtes sur la plage, dans les campings ou sur les terrasses de nos cafés, le début de l’automne sonne encore le glas de nos libertés individuelles au nom du principe de précaution, signe de la frilosité de nos dirigeants.
On pourrait s’accorder sur le fait que la situation inédite l’impose, qu’il faut sauver des vies à tout prix, et que si rien n’est fait, des milliers de gens risquent de mourir. Pourtant, les mesures privatives de liberté annoncées par le président de la République, qui avait pourtant déclaré à la fin du mois d’août qu’un nouveau confinement général était exclu, peuvent légitimement paraître disproportionnées eu égard aux risques humains très mal définis à ce stade.
Comme pour mieux faire accepter le reconfinement général, Macron a donc agité le chiffre terrifiant de 400.000 morts du COVID-19 si rien n’était fait pour l’isoler, sans expliquer avec pédagogie les détails et les justifications de cet effrayant calcul. Ce chiffre est-il correct et seulement crédible ? Et s’il ne l’est pas, n’existe-t-il pas d’autres moyens efficaces et de bon sens pour isoler le virus autrement qu’en paralysant la vie économique, sociale et culturelle de l’une des plus grandes puissances mondiales ?
N’existe-t-il pas d’autres moyens efficaces et de bon sens pour isoler le virus autrement qu’en paralysant la vie économique, sociale et culturelle de l’une des plus grandes puissances mondiales ?
Ce nouveau confinement nourrit déjà l’inquiétude de nombreux Français qui dénoncent l’iniquité de traitement entre les petits commerçants contraints de fermer boutique, mais chez qui les flux de personnes sont pourtant très facilement contrôlables, et les grandes surfaces généralistes autorisées à ouvrir, mais où les multiples clients, dont la provenance géographique dépassera largement celle du quartier, prendront de sérieux risque de contracter le COVID-19.
La santé de notre économie nourrit également de vives inquiétudes. Alors que le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, a évalué le coût budgétaire d'un mois de confinement entre 15 et 20 milliards d'euros, des analystes annoncent déjà une récession à deux chiffres, supérieure à 10% sur l'année 2020, et une nouvelle explosion du déficit budgétaire qui atteignait déjà 198,5 milliards d'euros au 30 juin 2020, contre 174,2 milliards d'euros un an plus tôt, accompagnée d’une forte baisse des recettes fiscales.
Depuis l’Antiquité, ce sont les malades et les personnes vulnérables qui sont confinées, pas l’ensemble de la population active qui fait tourner le pays.
Dans ces conditions, un confinement par département ou par région eût été plus acceptable et logique, d’autant que certaines régions françaises, comme la Bretagne, sont pour le moment assez peu touchées par le virus.
Surtout, le confinement général de toute la population, dont l’efficacité n’a pas été démontrée, est une hérésie économique et sanitaire. Depuis l’Antiquité, ce sont les malades et les personnes vulnérables qui sont confinées, pas l’ensemble de la population active qui fait tourner un pays. La Corée du Sud par exemple, a réussi à contrôler l’épidémie sans imposer de confinement général de sa population, mais un isolement très strict des personnes infectées, accompagné d’une politique de traçage intensif des cas contacts. Expérience exemplaire dont les dirigeants français n’ont visiblement pas su tirer les leçons !
Dernière interrogation, et pas des moindres : combien de fois serons-nous confinés, sachant que selon une étude de l’Impérial college de Londres du 27 octobre dernier, la rapide disparition des anticorps des personnes atteintes du COVID-19 remet en question la possibilité d’atteindre l’immunité collective ainsi que celle de mettre au point un vaccin comme solution à la pandémie ?
En ce cas, combien de temps devrons-nous être assignés à résidence, sous couvre-feu, en état de siège sanitaire ? Notre économie ne le supporterait pas davantage que les Français qui s’offusquent, à juste titre, d’une gestion de crise mal pilotée et dont les conséquences à moyen et long terme pourraient être désastreuses pour notre pays : faillites économiques, isolement social, explosion de la dette qui deviendrait insoutenable, disparition de nombreux commerces de centre-ville dont l’existence est déjà fragile.
A terme, la France n’en deviendrait que plus dépendante des institutions internationales qui auraient moins de difficultés à imposer leurs réformes libérales-libertaires, derniers avatars de la religion du Progrès, selon les mots de l'écrivain Matthieu Baumier.