Le 17 novembre 2019, la Chine enregistrait son premier cas de SARS-CoV-2. En quelques mois, l’épidémie se transformait en pandémie mondiale et les scientifiques de tous les pays s’attelaient à en découvrir le remède. Seulement un an plus tard, des laboratoires annoncent des résultats probants pour un vaccin. Ce 9 novembre, Pfizer a annoncé une efficacité proche de 90% et quelques jours plus tard, c’est le russe Spoutnik V qui a fait monter les enchères en déclarant une efficacité à 92%. Finalement, l’américain Moderna a roulé des mécaniques avec un vaccin efficace à 94,5%.
S’il faut saluer et se réjouir de tels résultats, la prudence reste de mise, selon le professeur Bernard Bégaud. De nombreuses interrogations subsistent encore.
Quelle sera la durée de vie des anticorps? L’efficacité vaut-elle autant sur une personne âgée que sur un jeune? Choisie par Pfizer et Moderna, la technologie «ARN messager» –qui consiste à injecter une molécule d’ADN viral pour inciter l’organisme à produire une fraction inactive du virus, puis les anticorps– n’a encore jamais été approuvée pour l’homme. Un risque supplémentaire?
oublier le défi logistique que présente la conservation de cette technologie, à de très basses températures, jusqu’à -80 degrés.
Alors que des doutes subsistent, la Commission européenne a confirmé l’achat de 300 millions de doses du vaccin de Pfizer et la France, qui se prépare à une campagne vaccinale de masse, en a préréservé 90 millions. 35 millions de Français seraient concernés. Mais pour le moment, aucune population cible n’a été annoncée.
«Il y a une grosse attente de la population, un gros coup à jouer pour les firmes, une grande peur que l’on veut résoudre et cela fait que certaines décisions ne sont pas très raisonnables et réfléchies», déclare le Pr Bernard Bégaud à Sputnik.
La campagne vaccinale a d’ores et déjà été annoncée pour le premier semestre 2021 alors qu’aucun résultat n’a été confirmé. Dans l’immédiat, cette décision accentue une défiance antivaccin déjà palpable au sein du corps soignant et de la population. Un Français sur deux déclare qu’il ne se fera pas vacciner contre le Covid-19, selon un sondage Odaxa pour France Info.
Reste à savoir si, quand vaccin il y aura, ce dernier deviendra obligatoire et s’il sera perçu comme une atteinte aux libertés individuelles, déjà mises à mal par les mesures entreprises pour lutter contre l’épidémie.