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david MIEGE
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22 décembre 2020 13:53

C’est depuis son lieu d’isolement à La Lanterne qu’Emmanuel Macron a pris la parole. Dans un entretien à L’Express publié mardi 22 décembre, le président de la République revient sur certaines controverses et sur les différentes crises survenues depuis le début de son quinquennat, dont des Gilets jaunes, mais aussi celle de “l’autorité” qui touche la politique et la science à l’occasion de l’épidémie de coronavirus.

Plus largement, il fait un état des lieux de la société française, de l’État et de la démocratie. Et de ses fractures. Ce qui mène l’entretien à un long passage sur les débats autour des valeurs républicaines. Le magazine indique qu’il publiera mercredi la seconde partie de cet entretien.

Le volet de questions sur les valeurs républicaines débute par celle des “zones grises” que contient l’histoire de France. Emmanuel Macron juge d’entrée de jeu que la société française – et occidentale – est devenue “victimaire et émotionnelle”. 

S’il assure “bien sûr” qu’il est “très important de reconnaître les victimes, de leur donner la parole”, le Président de la république déplore que “dans la plupart des sociétés occidentales, nous assistons à une forme de primat de la victime". La journaliste rappelle alors que lorsqu’il était candidat, Emmanuel Macron avait fait campagne sur cette “conscience de la diversité sociale, religieuse, scolaire” du pays.

Un projet qui semble à contre-sens de celui de la loi séparatisme. Pas pour le chef de l’État dont le projet est de “miser sur l’intégration, permettre à chacun de rejoindre le cœur de ce modèle républicain mais en reconnaissant sa part d’altérité”. “Quand vous parlez l’arabe à la maison, que votre famille vient des rives du fleuve Congo, que vous possédez une histoire qui ne se noue pas entre l’Indre et la Bretagne, vous avez une singularité qui importe et il faut pouvoir la reconnaître”, estime-t-il, en soulignant “la richesse des diasporas”.

Une reconnaissance qui doit se faire “par la mémoire, par les diplômes, par une visibilité médiatique, par l’accès aux postes à responsabilité”. Et qui, il l’avoue, n’est pas encore assez marquée. “La France a cette capacité d’hospitalité, il ne faut pas en avoir peur. Au contraire, c’est une richesse inouïe, mais on a trop souvent voulu la dissimuler à nos concitoyens”, reconnait-il.

Ce à quoi la journaliste rétorque une question simple : “Vous pensez qu’être un homme blanc de moins de 50 ans est un privilège ?” “C’est un fait”, répond simplement Emmanuel Macron, validant l’existence de cette notion initialement utilisée par les sciences sociales aux États-Unis.

Pour lui, le constat est sans appel : “Dans notre société, être un homme blanc crée des conditions objectives plus faciles pour accéder à la fonction qui est la mienne, pour avoir un logement, pour trouver un emploi, qu’être un homme asiatique, noir ou maghrébin, ou une femme asiatique, noire ou maghrébine”, énumère-t-il.

Avant de nuancer la portée de ce “privilège”. “Évidemment, quand on regarde les trajectoires individuelles, chacun a sa part de travail, de mérite” note-t-il. Et de refuser l’idée que cette seule “donnée de base” puisse être “un facteur principal d’explication” de la trajectoire de chacun.

www.lci.fr

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