La facture énergétique des Français va s’alourdir en 2021. En cause: les augmentations des tarifs régulés de l’électricité (afin de préserver la concurrence exigée par Bruxelles), ainsi que celle des taxes prélevées. Notamment via la Contribution au service public de l'électricité (CSPE), qui n’a eu de cesse d’augmenter et qui est destinée au financement de la transition énergétique.
À cela s’ajoute un investissement de 100 milliards d’euros sur 15 ans de RTE et Enedis, afin de renforcer le réseau face à l’essor des énergies renouvelables, comme le soulignait le 22 décembre le quotidien Les Échos. En effet, la démultiplication de centrales éoliennes et photovoltaïques qui se déclenchent et se déconnectent de manière intempestive tend à fragiliser la structure du réseau électrique, bâti autour de centrales nucléaires et hydroélectriques qui fournissent la majorité de l’énergie du pays (environs 75%, avant la fermeture de Fessenheim) et ce de manière continue.
Cet investissement sera répercuté sur le Tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité (TURPE) que les Français règlent sur leur facture, à hauteur d’environ 500 euros par an et par foyer chauffé à l’électricité actuellement.
Éoliennes: machines à cash pour les industriels
Une situation totalement ubuesque aux yeux de l’essayiste Fabien Bouglé, auteur du livre Éoliennes: la face noire de la transition écologique (Éd. du Rocher, 2019), qui dénonce une «schizophrénie électrique». Dans son collimateur, le «en même temps» du chef de l’État. Récemment encore, celui-ci réaffirmait devant les caméras de Brut son attachement au nucléaire.
Le nucléaire, cet outil industriel qui permet à la France de produire «une des électricités les plus décarbonnée au monde», affirmait Emmanuel Macron, tout en insistant sur la nécessité «de faire plus de renouvelable».
Parallèlement, sa ministre de l’Écologie conserve le cap d’une réduction à 50% de la part du nucléaire dans le mix énergétique tricolore d’ici 2035, comme promis en 2012 par François Hollande. Du «pur opportunisme» électoraliste aux yeux de notre intervenant, qui juge les deux modèles fondamentalement «incompatibles».
«Malheureusement, la politique énergétique de la France, qui devrait être une question de souveraineté, d’unanimité nationale, fait l’objet de tractations politiques qui sont extrêmement nuisibles à notre pays. En particulier sur les éoliennes et le photovoltaïques, des énergies intermittentes loin d’être aussi vertueuses qu’on le pense, qui ne servent qu’à faire du "greenwashing".»
La fameuse CSPE, qui depuis a explosé ces dernières années, permet notamment de faire face aux dépenses des pouvoirs publics engendrées par le «rachat à un prix bonifié de l'électricité d'origine renouvelable» auprès des industriels. Or, cette «bonification» est, dans certains cas, particulièrement généreuse. Dans son ouvrage, notre interlocuteur épingle le cas des six centrales éoliennes off-shore qui doivent voir le jour sur le littoral français d’ici 2023 à Yeu-Noirmoutier, Courseulles-sur-Mer, Fécamp, Saint-Nazaire, Tréport ou encore Saint-Brieuc.
En 2014, Ségolène Royal, alors ministre socialiste de l’Écologie, avait garanti aux industriels gestionnaires de ces sites un prix de rachat à hauteur de 221,7 euros par mégawattheure. Soit «quatre fois plus cher que le prix de marché projeté à 53,7 euros en 2022», comme le soulignait dès 2017 Le Figaro. [...]
Parallèlement, ce rachat forcé par l’État de l’énergie éolienne par EDF contribue à plomber les comptes structurellement déficitaires de l’énergéticien (cinq milliards de pertes rien qu’en 2013 à cause de ces opérations). Des comptes régulièrement épinglés par Bruxelles qui exige son démantèlement en contrepartie du soutien financier de l’État français. Un comble lorsqu’on sait qu’EDF doit déjà brader 25% de sa production nucléaire à ses concurrents.
«On marche sur la tête, c’est un scandale absolu! Comment peut-on à ce point se laisser berner par les autorités allemandes et les lobbys installés à Bruxelles», s’indigne l’essayiste.
Pour ce dernier, la politique de la Commission européenne, actuellement présidée par l’ex-ministre de la Défense d’Angela Merkel, Ursula von der Leyen, n’est pas étrangère à la défense des intérêts industriels allemands. Afin d’appuyer son propos, Fabien Bouglé rappelle que le pilotage de la mise au vert de la production énergétique nationale s’effectue notamment depuis le ministère allemand de l’Économie, via l’Office franco-allemand de transition énergétique (OFATE).
Ce «lobby éolien», cofinancé par les ministères et les industriels qui en sont membres, dispose depuis quelques années également d’un bureau au ministère de la Transition écologique à Paris, et ferait selon Fabien Bouglé la part belle aux industriels allemands de l’éolien, du photovoltaïque et de la biomasse… mais pas seulement.
En effet, ces énergies étant par essence intermittentes, l’implantation de centrales thermiques est parfois requise en guise de «back-up». Certains groupes énergétiques, spécialisés dans les hydrocarbures, n’hésiteraient ainsi pas à recourir à la promotion de l’éolien afin de justifier l’ouverture de centrales au gaz, au fuel ou au charbon, avance notre intervenant.
Les écolos, idiots utiles de l’industrie énergétique allemande?
Des industriels allemands sont actuellement mis à mal dans leur propre marché domestique. En effet, dans un rapport publié à l’automne 2018, la Cour fédérale des comptes (Bundesrechnungshof) a sévèrement épinglé les dépenses effectuées dans la transition écologique, les estimant «complètements disproportionnées» au regard des résultats. Selon les comptables de Bonn, ce serait pas moins de 160 milliards d’euros d’argent public qui aurait été investi en seulement six ans outre-Rhin.