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11 décembre 2020 18:34

Les États membres de l’UE se sont mis d’accord sur un régime de sanctions visant la Turquie. L’objectif: dissuader Ankara de mener une politique extérieure agressive. Au micro de Sputnik, François Asselineau, Président de l’UPR, juge légère la réponse pour tenir tête à Erdogan. D’après lui, elle démontre les limites d’une diplomatie européenne.

Avant le sommet européen des 10 et 11 décembre, le Président Erdogan se disait «pas vraiment» inquiet des décisions qui allaient y être prises. Réunis à Bruxelles, les vingt-sept dirigeants européens devaient convenir d’une stratégie pour contenir une Turquie de plus en plus agressive vis-à-vis de ses voisins. Le recours aux sanctions était un des outils qui revenaient avec insistance ces dernières semaines.

Au final, les vingt-sept se sont entendus sur un régime censé être dissuasif. «Les mesures décidées seront des sanctions individuelles et des mesures supplémentaires pourront être décidées si la Turquie poursuit ses actions», a indiqué un diplomate européen. Elles concerneront essentiellement certains responsables des opérations d’explorations gazières menées dans les eaux chypriotes et grecques de la Méditerranée.

​Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, devra préparer pour mars 2021 un rapport sur l’ensemble de la relation UE-Turquie pour mars 2021. Dépassant la situation régionale, ce texte ne se limitera pas à la Méditerranée orientale. Il proclame : «L’idée est de resserrer la vis progressivement.»

Sanctions en demi-teinte

Mais cette stratégie a-t-elle vocation à dissuader la Turquie de mener une politique qui, aux yeux de la plupart des capitales européennes, est considérée comme belliqueuse? Interrogé par Sputnik, François Asselineau, président de l’UPR et ancien candidat à la présidentielle, estime que cette réponse est beaucoup trop légère pour avoir un quelconque effet dissuasif sur Ankara:

«La réponse européenne me rappelle la fable de La Fontaine: “La montagne qui accouche d’une souris”. Très concrètement, il y a deux responsables qui sont sanctionnés et donc ils ne pourront plus se rendre en Europe et leurs avoirs seront gelés.»

Une réponse molle qui découle du fait que les Européens ne sont pas tous d’accord sur la politique à mener et attendent l’arrivée de la nouvelle Administration américaine pour se coordonner sur la marche à suivre. Certains États ont des relations plus privilégiées que d’autres avec Ankara. De ce fait, ils ne souhaiteraient pas mener une politique trop dure vis-à-vis de la Turquie.  

Divergences européennes

Pour François Asselineau, ces désacords témoignent clairement des limites d’une éventuelle diplomatie européenne.

«L’Union européenne, entre autres inepties, est fondée sur un principe que les gens ressassent comme un mantra, qui consiste à dire que l’union fait la force. Mais l’union ne fait la force que si tout le monde tire dans le même sens. Or ce n’est pas le cas actuellement au sein de l’UE», explique le haut fonctionnaire, favorable au Frexit.

La carte ci-dessus réalisée par le géopolitologue et cartographe Émile Bouvier démontre l’envergure des divergences entre les pays européens sur la question turque.

​Ainsi, la France, l’Autriche, la Grèce et Chypre sont qualifiés de pays hostiles à la Turquie. La Bulgarie et l’Allemagne sont mitigés, tandis que la Croatie, la Bosnie et d’autres pays des Balkans sont considérés comme favorables à la Turquie. D’après Le Monde, la Hongrie et la Bulgarie ne souhaiteraient pas mettre en péril leurs relations commerciales avec la Turquie. Dans une moindre mesure, Malte, l’Italie et l’Espagne s’inscrivent également dans cette logique.

L’Allemagne se retrouve dans une position compliquée. Le pays, qui exerce actuellement la présidence tournante de l’Union, a prôné une approche le plus équilibrée possible. Et pour cause:  Berlin veille au maintien de l’accord conclu par l’Union européenne avec Erdogan en 2016 afin d’endiguer les flots de migrants déferlant sur l’Europe via le territoire turc. L’Allemagne a donc combattu l’imposition d’un régime de sanctions dures sur Ankara.

Le dirigeant souverainiste estime donc que, en dehors du cadre de l’Union européenne, la France aurait dû être plus ferme avec Erdogan. Elle aurait pu mener une politique plus cohérente sur le dossier turc, car elle aurait agi avec des pays alignés sur ses propres positions.  

Mais «il y a un discours habituel qui voudrait faire croire que, si l’on n’est pas avec vingt-sept personnes dans l’autocar, on est tout seul. C’est ridicule. La France n’est pas toute seule. En outre, elle est membre permanent du Conseil de sécurité, ce n’est pas rien.»

Ces derniers mois, les griefs entre la Turquie et les chancelleries européennes se sont multipliés. Indirectement d’abord à travers les interventions turques en Syrie et en Libye, voire au Haut-Karabakh. Directement ensuite avec les velléités turques de prospection pétrolière dans les eaux territoriales grecques et chypriotes.

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