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22 janvier 2021 14:47

Le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, a prévenu: 2021 doit voir l’arrêt du «quoi qu'il en coûte» prôné par Emmanuel Macron afin de soutenir les entreprises touchées de plein fouet par la crise du Covid-19. Pour l’économiste Jacques Nikonoff, le gouvernement fait fausse route. Il dit pourquoi au micro de Sputnik.

«Si 2021 marquera la fin de la crise et de la pandémie comme tout le monde l'espère, il faut aussi que 2021 marque la sortie du "quoi qu'il en coûte".»

Olivier Dussopt, ministre des Comptes publics, a-t-il annoncé la fin prochaine du soutien économique de l’État aux entreprises frappées par la pandémie de Covid-19, le fameux «quoi qu'il en coûte» d’Emmanuel Macron? Lors d’une interview donnée aux Échos, le membre du gouvernement a prévenu: «Pendant toute l'année 2020, nous avons dépensé massivement pour soutenir les entreprises et les Français dans la crise. Cela a été possible, car nous sortions d'une année 2019 qui avait été bonne du point de vue économique grâce à notre action, et car nous avions assaini les comptes depuis 2017.»

​Afin de préserver un tissu économique plus que malmené par le virus, l’exécutif a ouvert les vannes du soutien. Et il n’y est pas allé de main morte! De nombreuses entreprises dont l’activité a souffert des mesures sanitaires survivent «grâce aux 470 milliards d'euros débloqués pour les mesures d'urgence type chômage partiel et aux 100 milliards du plan de relance annoncé en septembre par le gouvernement», comme le rappelait récemment Le JDD.

Et cela soulève des problématiques financières sérieuses, comme l’a souligné Olivier Dussopt: «Le niveau de dépenses que nous connaissons aujourd'hui n'est pas soutenable dans le temps.»

Problème: des secteurs entiers de l’économie française sont toujours quasiment à l’arrêt. C’est notamment le cas de la restauration qui pourrait rester portes closes jusqu’au 6 avril. Au minimum.

«Si les propos de M. Dussopt étaient suivis d’effet, cela serait une pulvérisation de l’économie française. Encore plus de monde se retrouverait au chômage», alerte au micro de Sputnik l’économiste Jacques Nikonoff.

L’exécutif se trouve sur le fil du rasoir. Les milliards mis sur la table maintiennent de nombreuses entreprises en vie. Mais les comptes publics se dégradent à une vitesse alarmante. Paris vient d’engager 44,1 milliards de dépenses supplémentaires, dont 41,8 milliards de dépenses d'urgence, selon Bercy.

Une politique de relance, la solution?

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a prévenu les Français. 2020 a connu «le déficit budgétaire le plus élevé de notre histoire contemporaine». L’abysse –hors périmètre des collectivités locales et de la Sécurité sociale– s'est ainsi creusé de 85 milliards d'euros, passant de près de 93 milliards l'an dernier à 178,2 milliards d'euros.

​Pour Jacques Nikonoff, le gouvernement fait fausse route:

«Pour que les entreprises aient des clients, il faut que les consommateurs aient de quoi consommer. Or la situation actuelle est marquée par une baisse du pouvoir d’achat. Et cela va s’aggraver à cause du chômage et de la non-revalorisation d’un certain nombre de revenus.»

D’après l’auteur de La Confrontation: argumentaire anti-FN (éd. Le Temps des cerises), les prêts garantis par l’État (PGE), les moratoires sur les remboursements, les dispositifs de chômage partiel, les aides sectorielles ainsi que les reports de charges décidés par le gouvernement ne suffisent pas en ces temps de crise majeure.

«Il est nécessaire d’augmenter les salaires et de revaloriser un certain nombre d’allocations pour que les consommateurs achètent les produits fabriqués par les entreprises. Ces dernières ne sont pas en suspension dans l’atmosphère. Elles n’existent que par les consommateurs», analyse l’économiste.

«Le gouvernement se fourvoie. La politique d’aides aux entreprises est mal calibrée. Elle se retrouvera en échec très rapidement», poursuit-il.

Jacques Nikonoff souligne le fléau du chômage. La Banque de France prévoit un pic avoisinant les 11% de taux de demandeurs d’emploi au premier trimestre 2021, avant une décrue à 9% fin 2022.

«Un chômeur de moins c’est un client de plus», martèle l’économiste.

Selon lui, il faut un volet encourageant la consommation dans la politique économique. «Mener une politique de relance est essentielle», affirme-t-il.

Mais comment faire dans une France sous couvre-feu à 18h? Alors qu’un troisième confinement n’est pas une hypothèse à exclure selon les autorités, Jacques Nikonoff maintient que l’économie peut résister:

«Les gens ont toujours besoin de manger, de se cultiver, de consommer. La production doit se concentrer sur ces besoins. Les canaux de distribution existent. Nous l’avons constaté lors du premier confinement. Il y a eu des trésors d’imagination pour permettre aux citoyens de consommer. Je citerais comme exemple les livraisons à domicile ou les points relais.»

Reste que l’expert n’est pas optimiste en ce qui concerne le gouvernement.

«Nous avons affaire à une bande d’incompétents qui se moque de la situation du plus grand nombre», conclut-il.
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