Nos seniors sont dénoncés de toute part comme d’abominables profiteurs, car ils seraient les seuls à ne pas subir la crise du Covid-19.
Un chroniqueur du Point n’a-t-il pas proposé de saisir 10 % des pensions pour combler en partie le déficit du budget ? La gauche, quant à elle, veut à tout prix instaurer un revenu minimum de 1.000 € par mois, ce qui reviendrait à verser un RSA amélioré à 10 millions de Français pour un montant total de 60 milliards.
Aussi, elle lorgne sur les 300 milliards versés aux retraités. En 2017, une des versions du revenu universel cher à Benoît Hamon prévoyait de confisquer les retraites et de donner à tous nos seniors 1.200 € par mois (la moyenne des pensions étant, actuellement, de 1.504 € mensuels). Ce projet a vite été remisé, tant il était impopulaire.
En 2021, les retraites sont en déficit et celui-ci, jusque alors peu inquiétant, a flambé avec la crise. Or, notre système de répartition impose un équilibre entre les cotisations versées par les salariés et les pensions de retraite. Vu l’ampleur du trou actuel, le gouvernement Macron n’a le choix qu’entre trois possibilités.
La première consisterait à reculer l’âge où on peut prendre sa retraite. C’est le choix effectué dans le reste de l’Europe : dans beaucoup de pays, on ne pourra bientôt toucher sa pension qu’après 65 ans. En France, le report à 63 ans au lieu de 62 ans de l’âge de la retraite redonnerait de la souplesse au système.
Mais M. Macron s’est engagé, pendant la campagne présidentielle, à ne pas toucher à la limite des 62 ans. Néanmoins, le pouvoir peut jouer sur cette corde en instaurant une décote pour ceux qui partent à 62 ans. Les caisses de retraite complémentaire des salariés du privé (dirigées par les syndicats) ont utilisé ce biais pour restaurer leurs comptes. Cette décote est efficace et mieux acceptée par les seniors puisque la retraite est toujours, en théorie, fixée à 62 ans.
On pourrait également relever le montant des cotisations. C’était le choix de François Hollande pendant son quinquennat. Mais le taux français de 28 % est l’un des plus élevés d’Europe. On peut difficilement l’augmenter sans gripper notre économie.
Reste une dernière solution : baisser les pensions, non pas nominalement, mais en les revalorisant nettement moins que l’inflation. Cette tactique a été employée en 2020 : les retraites ont été augmentées de 0,3 % alors que l’inflation est de 1 %. Ce gel se prolongerait pendant une dizaine d’années, avec juste une revalorisation plus conséquente les années d’élection. Le pouvoir a procédé ainsi avec les fonctionnaires en ne les augmentant plus depuis 2010 !
Les résultats de cette politique sont catastrophiques, puisque les professeurs débutants sont payés au niveau du SMIC, mais le pouvoir n’est pas près de changer de stratégie. Les seniors risquent donc de voir, année après année, leur pouvoir d’achat s’éroder alors que leurs charges (mutuelles, logements, cotisations pour la dépendance) ne cesseront d’augmenter.
Certes, pour l’instant, l’inflation est sage, autour de 1 % par an, et le gel des pensions se fera peu sentir. Mais si la hausse des prix s’accélère, voire dérape, comme le prévoient certains économistes affolés par la politique monétaire accommodante de la BCE, nos aînés seront ruinés.