Rien qu’en 2019, il a été perpétré 314.530 crimes et délits à Paris. C’est ce que met en avant une enquête sur la dangerosité en France, relayée par CNews le 20 février. Paris est la ville où l’insécurité est la plus forte. La capitale devance d’assez loin Bobigny.La préfecture de la Seine Saint-Denis occupant la seconde marche de ce sinistre podium avec 150.176 crimes et délits.
Pour Pierre Liscia, ancien conseiller municipal du dix-huitième arrondissement et lanceur d’alerte sur l’état de la capitale, cette première place est sans aucun doute liée à la politique menée depuis plusieurs années.
«À partir du moment où la ville de Paris continue sa politique de densification et de construction de logements sociaux là où il y en a déjà énormément, cela crée des phénomènes de ghettoïsation, de précarité et d’instabilité sociale qui mènent inévitablement à la délinquance et à l’insécurité.»
Il regrette également l’absence d’une politique de quartiers et parle d’endroits où il n’y a plus de présence commerçante, donnant le champ libre à toutes sortes de trafics. Cependant, ces chiffres vertigineux sont avant tout liés à l’expansion du trafic et de l’insalubrité «qui ne sont plus le seul fait du Nord-Est parisien», poursuit Pierre Liscia. Notre interlocuteur pointe aussi du doigt les mineurs isolés de plus en plus nombreux. Selon lui, ceux-ci jouissent d’un «sentiment d’impunité car les tests légaux qui permettent de vérifier leur âge ne sont jamais pratiqués. Tout cela par pure idéologie!»
Des chiffres et un classement qui peuvent sembler logiques pour la capitale française et ses quelque 2.175.601 habitants. Pourtant, au classement par départements, c’est bien Paris qui conserve sa triste couronne. Avec une chance sur sept de subir une agression, la Ville lumière est donc le département français accusant le taux de criminalité le plus haut. À titre comparatif, la Seine-Saint-Denis présente un risque de crime ou d'agression de un pour dix et les Bouches-du-Rhône affichent un score de un sur treize, avec une préfecture, Marseille, qui est la troisième ville criminogène de France, devant Lyon et Montpellier.
Pour faire face, armer la police municipale?
Ce classement n’a pas tardé à faire réagir, notamment le maire du septième arrondissement, Rachida Dati. L’ex-garde des Sceaux n’a pas hésité à mettre en cause la politique menée par Anne Hidalgo, laquelle a refusé d’armer la police municipale.
Arguant que la police municipale ne doit pas «faire concurrence à la police nationale, qui est chargée de la lutte contre la délinquance et le terrorisme», le maire de Paris a donc refusé de doter les agents municipaux d’armes de poing, malgré les problèmes d’insécurité que connaît la métropole. Actuellement, près d’une commune sur deux aurait pourtant déjà armé ses agents municipaux et Paris aurait besoin d’une meilleure surveillance, explique Pierre Liscia.
«Cette décision d’Anne Hidalgo est irresponsable. En réalité, cette police municipale à Paris n’a de police que le nom. Ce sont d’anciens agents de sécurité de la voie publique qui ne sont pas assez formés ni équipés.»
Les 5.000 agents de police de la préfecture de Paris seraient, en outre, très peu mobilisés contre la délinquance et les incivilités car «moins rentables que la verbalisation des mauvais stationnements, des jets de mégots et autres atteintes aux règles concernant la voie publique».
L’exode des Parisiens en perspective
L’insécurité grandissante à Paris n’est pourtant pas nouvelle. Comme d’autres, Pierre Liscia la dénonce depuis plusieurs années. L’auteur de La Honte (éd. Albin Michel, 2019) a alerté à plusieurs reprises sur l’explosion de la misère et de la violence. Particulièrement dans le dix-huitième arrondissement, duquel il était élu. L’expansion du crack et l’insalubrité croissante ne seraient donc pas étrangères à cette criminalité nous signalait déjà en décembre le porte-parole du mouvement Soyons Libres!, évoquant un lien infaillible entre «toxicomanie, insalubrité, délinquance».
Symptôme évident de cette criminalité parisienne, la ville se viderait chaque année de milliers d’habitants: «12.000 constituant uniquement la différence entre les arrivées et les départs qui sont beaucoup plus nombreux», précise le reporter parisien.
Un exode qui serait lié surtout à l’insécurité, le coût de la vie entrant peu en compte dans les départs, explique-il. Il rappelle au passage que Paris est le seul département urbain à fermer des écoles.
«Le coût de la vie n’est pas plus élevé à Paris qu’à Neuilly, Levallois ou encore Issy-les-Moulinaux et Vincennes. Pourtant, ces villes, comme toute l’Île-de-France, gagnent des habitants, tandis que Paris en perd. C’est donc surtout un problème de qualité de vie. L’insalubrité, les embouteillages, l’insécurité ne sont pas des cadres de vie attrayants.»
Par ailleurs, ajoute le chroniqueur, «ces départs devraient amener la municipalité à se poser des questions sur la politique sociale qu’elle mène puisqu’il y a un lien avéré entre la multiplication des logements sociaux et les installations hors de Paris».
Bien que la crise sanitaire tende, selon une étude récente, à diminuer ces faits délictueux autant qu’elle diminue les flux touristiques, ils continuent d’avoir un impact extrêmement négatif sur le rayonnement de la capitale mondiale du tourisme.
Un changement de statut qui, à terme pourrait bien faire de Paris une métropole infréquentable et affaiblir considérablement son image. Ce qui aurait des répercussions économiques plus que préoccupantes.