Fille d’immigrés turcs, Çigdem Koç est devenue Claire Koç en 2008. Dans Claire, le prénom de la honte (Albin Michel), la jeune journaliste raconte le cheminement qui l’a conduite à faire ce choix. Son témoignage est à la fois une plongée dans une France en voie de désintégration et un éloge de l’assimilation. Un choix peu apprécié par sa famille.
«Ce qui me frappe, c’est qu’on nous affirme toujours que la France a beaucoup à apprendre ou à s’enrichir de l’étranger. Mais jamais on ne nous dit que l’étranger a beaucoup à apprendre ou à s’enrichir de la France», observe Claire Koç. Ce prénom est mon adoption à cette grande famille qu’est la France. C’est un choix personnel qui relève de mon identité intérieure. Un choix de cœur et d’esprit.
Vous attendiez-vous à ce que votre choix soit si mal accepté ?
Je ne m’attendais pas à un tel dénigrement… En revenant chez mes parents avec ma carte d’identité et mon prénom «français», j’ai été rabaissée, humiliée. «Quoi Claire? C’est quoi ce prénom de merde? Tu as honte de ce que tu es?» Ils affirmaient que Claire voulait dire «sale» en turc, mais c’était faux (en fait, c’est une traduction libre de notre dialecte anatolien). C’est la première chose qui leur est venue à l’esprit.
Pour autant, je ne renie absolument pas mon identité turque, elle est présente, ce serait insensé de la rejeter. J’avais un prénom difficile à prononcer (Çigdem). Je sentais souvent des difficultés de prononciation à l’école, dans les administrations […].