Cette éleveuse de Saône-et-Loire dénonce l’ambivalence et les contradictions du militant écologiste à l’occasion de la sortie de son dernier film.
Le 26 janvier dernier, le dernier film de Yann Arthus-Bertrand, Legacy, était diffusé sur la chaîne M6. Un document « vraiment fait pour les gens qui ne s’intéressent pas trop à l’écologie », de l’aveu même du photographe militant, qui y appelle à « se battre » contre le réchauffement climatique et la destruction de la planète.
Il y adresse notamment une énième leçon de morale à l’humanité, en visant particulièrement une certaine agriculture qu’il juge inacceptable. Un discours qui a déclenché la « colère » de Claire Juillet, agricultrice en Saône-et-Loire. Cette dernière le lui a fait savoir dans l’hebdomadaire régional L’Agri.
Un « ramassis d’approximations »
« Qui vous permet, apôtre de la décroissance sur le tard, familier des milliardaires, utilisateur compulsif des moyens de locomotion les plus polluants, de donner des leçons au reste de l’humanité ? », reproche en guise d’entrée en matière cette éleveuse et maraîchère, adepte de l’agriculture biologique.
Elle dénonce notamment le « ramassis d’approximations » que contient le teaser du film Legacy. A commencer par les propos tenus sur les élevages de bêtes. « Vous laissez croire que tous les bovins seraient soumis à un régime d’injections chimiques de toutes sortes. Ignorez-vous que c’est interdit chez nous ?
Vous semblez trouver scandaleux que la consommation mondiale de viande ait été multipliée par trois en 40 ans. Avez-vous bien réalisé que, dans le même temps, la population mondiale a doublé ? », s’insurge Claire Juillet dans cette tribune.
« Ecologiste de salon »
L’agricultrice conseille donc à Yann Arthus-Bertrand d’« utiliser [son] entregent considérable pour aller faire la leçon à Xi Jinping ou à Bolsonaro », au lieu de « culpabiliser la ménagère de moins de 50 ans, de cajoler la vegane trentenaire ou de désigner comme tant d’autres avant vous les agriculteurs comme boucs émissaires ».
En résumé, Claire Juillet estime qu’il est « de plus en plus insupportable » de recevoir des leçons de morale de la part « d’écologistes de salon dont les modes de vie sont aux antipodes de ce qu’ils exigent ». L’agricultrice reproche notamment au militant sa décision publique d’arrêter de prendre l’avion, ce qu’elle définit comme une manière de « s’acheter une conscience pour pas cher ». « Soyez aimable Monsieur, et quittez ce costume paternaliste passé de mode qui fleure la naphtaline néocoloniale », conclue-t-elle.