«Ils ont cédé sous la pression, mais cela révèle surtout que tout miser sur les vaccins est une stratégie hautement risquée.»
L’économiste Philippe Murer juge trop tardive l’annonce de la suspension de tous les vols en provenance du Brésil faite ce mardi par Jean Castex. À l’heure où le Covid-19 ravage l’Amérique latine, ayant causé la mort de 355.000 personnes depuis plus d’un an, l’inquiétude s’est fait sentir de voir le nouveau variant (dénommé P1) envahir le territoire français. Personnel soignant et politiques étaient montés au créneau en ce début de semaine pour faire part de leurs inquiétudes à travers plusieurs médias comme Le Parisien. Tous appelaient le gouvernement à durcir les contrôles des arrivants du Brésil où sévit un variant probablement plus contaminant et plus résistant, notamment face aux vaccins.
La «folie» du «tous vaccinés»
Le variant brésilien, de même que le variant sud-africain, est déjà présent sur le territoire français. Mais en faible proportion puisqu’il ne constitue que 1% des contaminations dans l’Hexagone selon Santé publique France. Les craintes des experts appelant à durcir le contrôle aux frontières, auxquelles s’est rallié le Premier ministre ce mardi 13 avril, sont-elles fondées?
Pas aux yeux de Philippe Murer: «Le vrai problème est justement d’avoir fait reposer en France toute la sortie de crise sur le seul recours à la vaccination.»
«Si le variant brésilien arrive à se propager en France, le risque est qu’il résiste aux vaccins distribués sur notre territoire, comme l’ont avancé plusieurs scientifiques, déclare à notre micro l’économiste rompu aux sujets de souveraineté sanitaire. Avoir fait du “tous vaccinés” la seule issue pour arrêter l’épidémie est une folie que le variant brésilien risque de mettre à nu!»
Les études concluant à la résistance du variant brésilien aux vaccins sont encore incertaines et suscitent des débats au sein de la communauté scientifique. Le variant brésilien a néanmoins un impact reconnu sur “l'échappement immunitaire” post-infection et post-vaccinal. Il est susceptible de mieux résister aux vaccins et aux anticorps sécrétés lors d’une première infection.
«Cela signifierait qu’il faudrait se revacciner dans six mois pour être plus résistant et adapter sans cesse les vaccins à l’apparition de variants? Ce serait sans fin! Cela signifierait de possibles blocages du pays dans six mois, un an, deux ans…» dénonce Philippe Murer.
L’équation est à plusieurs inconnues puisque les vaccins eux-mêmes diffèrent. Certains seraient plus efficaces que d’autres, à l’exemple du Pfizer/BioNTech et de Spoutnik V plus neutralisants à l’égard des variants actuels. Ce qui pourrait ne pas être le cas de l’AstraZeneca, notamment en raison de sa faible efficacité en présence du variant sud-africain.
Un aveuglement idéologique?
Reste l’expérience macabre à grande échelle au Brésil. Le pays comptabilise 4.000 morts par jour. Le professeur et ancien président du comité anti-Covid au Brésil, Miguel Nicolelis, n’hésitait pas à parler d’un «Fukushima biologique», «comme un réacteur nucléaire qui aurait déclenché une réaction en chaîne et qui serait désormais hors de contrôle».
Si la dangerosité est telle, pourquoi ne pas avoir fermé les frontières plus tôt? Lundi 12 avril, le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, déclarait que le maintien des lignes aériennes avec le Brésil s’imposait «par le droit». Le lendemain, le chef du gouvernement rétropédalait lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, annonçant la suspension de tous les vols en provenance du Brésil.
De quoi illustrer «un aveuglement idéologique» face au contrôle des frontières selon Philippe Murer. Et une reproduction, selon lui, «de ce qui s’était passé aux mois de janvier, février et mars 2020 lorsque, devant la crise épidémique avérée, la France avait laissé ouvertes ses liaisons aériennes avec la Chine».
Pour éviter une nouvelle catastrophe, le militant souverainiste invite à compléter la boîte à outils du gouvernement pour ne pas tout faire reposer sur le recours aux vaccins. «L’immunité d’un individu ayant guéri de la maladie» est selon lui «bien meilleure que celle d’un individu vacciné», rendant la France beaucoup plus étanche à une reprise de l’épidémie de Covid-19.
«La meilleure stratégie est de traiter et de soigner précocement au moyen de l’hydroxychloroquine selon le protocole Raoult. Mieux encore, avoir recours à l’ivermectine qui divise par quatre la létalité du virus. Ce qui le rendrait, avec 0,12% de létalité, aussi dangereux qu’une grippe et éviterait à la fois les morts et le confinement», détaille notre interlocuteur.
Et l’économiste de s’appuyer sur les recommandations à l’égard de l’utilisation de l’ivermectine du microbiologiste de l’université de Liverpool, Andrew Hill, qui a proposé une méta-analyse. Celle-ci révèle une augmentation des chances de survie de 48 à 88%. Avec la baisse des charges virales et du nombre de contaminés, «l’épidémie s’éteindrait d’elle-même et nous pourrions retourner à la vie normale», conclut Philippe Murer.