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26 avril 2021 16:10

L'irresponsabilité pénale de l'auteur du crime antisémite de Sarah Halimi n'est pas justifiée, estime Michel Onfray. Quant à l’affaire des policiers à Viry-Châtillon, il pointe l’impunité générale de ceux qui décident de ne plus respecter la loi.

Le philosophe Onfray est revenu le 25 avril sur LCI sur les verdicts prononcés dans les affaires Sarah Halimi et des policiers brûlés à Viry-Châtillon.

Selon lui, «fumer des pétards» ne peut être considéré comme une circonstance atténuante. En effet, durant l’enquête, les experts psychiatriques ont conclu à une «bouffée délirante» chez le meurtrier de Sarah Halimi, probablement provoquée ou aggravée par sa forte consommation de cannabis.

Soulignant l’absurdité d’un tel argument, l’essayiste estime que c’est comme si rouler «ivre mort» pouvait être considéré comme une circonstance atténuante.

«Ce n'est pas un fou, c'est quelqu'un dont on dit qu'il a eu une bouffée délirante consécutive à un pétard», insiste-t-il.

Et ce n’est pas la consommation de cannabis qui l’a rendu antisémite: «Il y a juste un moment donné où cela s'appelle de l'antisémitisme et des moments où les bouffées délirantes font faire aux gens ce qu'ils ne feraient pas s'ils n'avaient pas l'aide, soit de l'alcool soit du cannabis. Je ne pense pas que cela ait rendu ce garçon antisémite, je pense qu'il l'était déjà précédemment».

​Le 4 avril 2017, Kobili Traoré fait irruption dans l’appartement de sa voisine Sarah Halimi. Criant «Allah Akbar», le jeune homme musulman la roue de coups en récitant des versets du Coran avant de la jeter par-dessus le balcon de leur HLM de Belleville, dans l’est de Paris.

Ce 14 avril, la Cour de cassation a entériné le caractère antisémite du crime, mais confirmé l’impossibilité de traduire en justice le meurtrier compte tenu de l’abolition de son discernement lors des faits.

Suite à cette décision, Emmanuel Macron a demandé l’évolution législative. «Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors "comme fou" ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale», martèle-t-il le 19 avril dans une interview au Figaro.

Le 25 avril, des manifestations en hommage à Sarah Halimi ont eu lieu à Paris et dans plusieurs villes françaises, mais aussi à Tel Aviv. Le même jour, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a promis de présenter un projet de loi fin mai pour combler ce «vide juridique».

L’irrespect de la loi

Toujours sur LCI, Michel Onfray est revenu sur le verdict de l’affaire des policiers brûlés à Viry-Châtillon, autre dossier sensible de ces dernières semaines.

Le 17 avril, la cour d’assises des mineurs de Paris a condamné cinq jeunes à des peines de 6 à 18 ans de réclusion, et acquitté les huit autres accusés; un verdict moins sévère qu’en première instance.

«Il y en a qui prennent quand même 18 ans, et puis il y a des gens à qui on dit: […] peut-être que vous fait partie de ceux qui auraient pu tuer, mais la preuve n'est pas faite, on n’est pas sûr que c'est vous. Allez, vous pouvez rentrer chez vous. L'affaire est terminée pour vous», commente-t-il.

«On a un seul problème en France, c'est que la loi n'est pas respectée. […] Si on faisait respecter la loi, si effectivement il y avait une crainte du gendarme, du policier, à ce moment-là, les problèmes seraient réglés», poursuit le philosophe.

«On a juste peur des gens qui ont décidé qu'ils ne respecteraient plus la loi, à qui on dit: "vous le pouvez, vous êtes en banlieue, vous êtes musulmans, vous avez fumé des pétards"», remarque-t-il.

 

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