Après la dissolution du CCIF, des islamistes ont trouvé refuge sur la plateforme L.E.S. musulmans qui met en liaison plusieurs centaines de mosquées en France. Une nébuleuse où les pires discours continuent à faire de l’audience.
Le gouvernement pensait avoir montré ses muscles. Un mois après l’assassinat de Samuel Paty, en octobre dernier, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin annonçait la dissolution des associations radicales Barakacity et CCIF, cette dernière conduisant depuis plusieurs années « une action de propagande islamiste ». En février, sa collègue Marlène Schiappa en remettait une couche sur le collectif contre l’islamophobie en France « qui ouvertement lance des appels à l’apologie du terrorisme et tient des propos antisémites ». Au-delà des mots, toutefois, les acteurs eux sont plus à l’aise que jamais.
Dirigeant historique du CCIF, Marwan Muhammad a créé depuis 2018 sa voie de secours, avec la plateforme L.E.S. musulmans. Réunissant plus de 300 mosquées et associations musulmanes et 100 000 personnes sur Facebook, la structure entend fédérer les adeptes de l’islam en France.
Proche des Frères musulmans et des indigénistes, Marwan Muhammad a été adoubé en 2016 par l’islamiste Tariq Ramadan afin de prendre sa suite en tant que guide de la communauté. « Enfin, on peut organiser notre culte de la manière qui nous convient, sans être sous la tutelle de quiconque » lance en décembre 2018 l’imam Ismaïl. Responsable de l’Institut des Bleuets à Marseille, ce dernier est heureux de voir la plateforme « faire converger les compétences ».
L’infiltration médiatique via “l’islamophobie”
Parmi les “compétences”, celles de l’imam Rachid Eljay, suivi par plus d’un million de personnes sur Facebook et qui considérait en 2015 que les enfants écoutant de la musique « seront transformés en singes ou en porcs ». Celles aussi du salafiste Nader Abou Anas, expliquant dans un prêche que « la femme ne sort de chez elle que par la permission de son mari ». Pour Marwan Muhammad, « le spectre de l’islam de France va de ces prédicateurs-là à Tareq Oubrou », rapporte Le Point en 2018.
Présenté comme un imam libéral et modéré dans les médias, Oubrou a pourtant été salafiste puis Frère musulman tout au long des années 2010. Avant cela, il prônait la réunion de tous les musulmans sous un califat.