Les islamistes les détestent : s’ils sont tués par elles, ils n’iront pas au paradis, affirment-ils. Depuis quelques années, les combattantes kurdes étonnent le monde. Elles sont jeunes, animées d’une détermination sans faille et, pour certaines, commandent les hommes. Elles ont pris une part déterminante dans la bataille contre l’État islamique, notamment dans le nord de la Syrie.
En 2015, l’ethnographe et cinéaste (Eux et moi, Quelques jours ensemble) Stéphane Breton a suivi plusieurs groupes de ces guerrières aux foulards de couleurs vives qui n’ont pas hésité à s’engager dans une guerre ô combien meurtrière. Dans les montagnes désertiques ou les quartiers en ruine de Kobané, il les a filmées, non au combat mais dans les phases intermédiaires : les attentes tendues, les marches incessantes, les maigres repas.
Avec ce quotidien aride, ces conditions de vie terribles où même les armes manquent, Stéphane Breton éclaire une autre facette du conflit syrien. La mort s’y inscrit en creux et s’exorcise aussi par la parole, comme dans cette séquence où une militante fait l’éloge funèbre de ses camarades disparus, parfois après avoir obéi à ses ordres.
Ce film non conventionnel grave dans la mémoire mille détails parfois rugueux (dont ces chiens rôdeurs et bouffeurs de cadavres) mais aussi la sérénité et les rires de ces combattants à peine sortis de l’adolescence. On n’oubliera pas le visage de Diljîn Ararat, cette impressionnante commandante, tuée peu après le tournage.
Photo d’illustration : DR
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