"La situation est telle que si on voulait tuer l’hôpital public, on ne s’y prendrait pas autrement."
En pédiatrie, la situation serait "catastrophique", selon le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH) qui tirait le 27 octobre dernier le signal d’alarme à l’occasion d’une conférence de presse en ligne.
"Nous sommes aussi contraints d’annuler, au dernier moment, en fonction des places restantes disponibles, des hospitalisations programmées depuis plusieurs mois.
Nous en sommes déjà à un compte de 25 annulations en quatre semaines, poursuit-elle. Toutes les semaines, nous sommes contraints de choisir parmi les patients ceux que nous allons pouvoir accueillir."
La promesse d’un plan massif d’investissement
"On est dans un contexte d’épuisement des personnels, de manque de personnel, d’arrêts de travail qui font qu’alors même que le nombre de bronchiolites est inférieur à celui qu’on avait en 2019 ou en 2020, leur impact est beaucoup plus important", développe le médecin généraliste.
Suppression des lits, hausse des démissions et explosion des intérims
"On a des collègues de plus en plus nombreux qui demandent leur mise à disposition de la fonction publique hospitalière pour aller voir si la misère est moins pénible ailleurs ou envisager des reconversions professionnelles où ils ne seront peut-être pas mieux reconnus, mais mieux rémunérés", développe Olivier Youinou.
"Je n’ai pas envie de prendre en charge ‘une pathologie’: je prends en charge un homme, une femme, qui présentent une pathologie à un moment de leur vie. Le temps que l’on passe à leur expliquer ce qui leur arrive, ce qu’on va leur faire, comment ils vont s’en sortir, est jugé perdu car non quantifiable, non rentable. Car il ne correspond à aucune case qui donne lieu à une rémunération.
Les gouvernements successifs ont progressivement dégoûté les professionnels et aujourd’hui, c’est l’apogée."
"Cela a été le cas durant le Covid, tout le monde veut l’ignorer", rappelle l’infirmier anesthésiste. "Dans les secteurs de réanimation Covid dédiés, nous avions des signalétiques qui nous disaient: ce patient-là ‘oui’ et celui-ci ‘non’. Donc cette logique-là on l’a déjà eu! Comment pouvait-on faire autrement lorsque l’on avait 5.000 lits alors qu’il en fallait 15.000?"
"La situation est telle que si on voulait tuer l’hôpital public, on ne s’y prendrait pas autrement. "Suppression des lits, hausse des démissions et explosion des intérims" On a toujours eu une politique de coûts.
On n’a jamais voulu regarder ce que rapporte la santé alors que c’est un secteur éminemment créateur de richesses. À partir de là, on n’a jamais voulu considérer quel était le cœur atomique de ce système –les soignants. Si vous ne respectez pas votre cœur atomique à un moment où a un autre, vous avez une fuite radioactive!"