À la veille de la date anniversaire de l’assassinat de Samuel Paty, des établissements scolaires de France vont à leur discrétion rendre hommage sous différentes formes ce vendredi au professeur d’histoire-géographie, décapité pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe. Jean-Michel Blanquer a prévenu le 14 octobre auprès de RMC que si ces événements venaient à être "perturbés", les élèves concernés seront "sanctionnés".
Un an après le meurtre de M.Paty, Didier Lemaire, professeur de philosophie qui a été la cible des menaces de mort, a noté dans Punchline sur CNews que les enseignants sont toujours en danger et que la défense de la laïcité n’a pas progressé.
"C'est l'école dans son ensemble, partout sur le territoire, qui est attaquée. Il y a aujourd'hui une dizaine d'enseignants qui sont menacés de mort et qui ne sont toujours pas protégés. Ces enseignants m'écrivent. Ils se retrouvent seuls", a-t-il déclaré sur le plateau.
Il a également dénoncé "un renoncement total" en précisant que la responsabilité de cette situation incombe aux politiques.
"C'est un renoncement total. Rien n'a changé depuis Samuel Paty. Il y a quelques avancées minimes, mais il n'y a pas de plan pour contrer cette offensive. Il n'y a rien qui est fait pour l'école qui est menacée aujourd'hui. La pression s'exerce partout dans les classes", a-t-il expliqué à la chaîne.
Le fait que le ministère de l’Éducation nationale n’ait pas rendu l’hommage obligatoire dans tous les établissements est "une défaite", estime le professeur.
"Je suis triste et toujours en colère. Qu'il n'y ait aucune obligation d'honorer la mémoire de Samuel Paty est absolument inacceptable", a-t-il déploré au micro de CNews en ajoutant que l’Éducation nationale a une part de responsabilité dans la mort de l’enseignant.
"Nous avons aussi affaire à un bal des hypocrites, car la vérité n'est toujours pas faite sur les responsabilités de l'institution dans cet assassinat. D'après le rapport de l'Éducation nationale, le référent laïcité a mis en cause le travail de l'enseignant", a noté M.Lemaire.
"Le professeur [Samuel Paty, ndlr], alors même qu'il était menacé, n'a pas été placé sous protection", a-t-il indiqué au média.
La laïcité "est en danger"
Ainsi, 63% des jeunes estiment que la laïcité est aujourd’hui en danger en France, d’après un sondage Ifop pour Marianne paru le 14 octobre sur le regard des 18-30 ans concernant l’assassinat de Samuel Paty.
En outre, plus de la moitié des sondés, soit 57%, jugent que "la défense de la laïcité est souvent instrumentalisée par des personnalités politiques et des journalistes qui veulent en fait dénigrer les musulmans".