Sur fond de l’organisation par Washington d’un sommet virtuel pour la démocratie, le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto estime que la Hongrie, qui n’est pas conviée, n’a pas besoin de conseils sur l’état de son pays, visé par de fausses informations.
"Nous sommes un État ayant une histoire millénaire, une histoire chrétienne millénaire. Notre histoire est remplie de batailles pour la liberté et la souveraineté. Nous n’avons pas besoin d’un acteur ou d’un facteur extérieur pour évaluer l’état de notre démocratie", a-t-il déclaré dans une interview accordée à la chaîne de télévision RT.
Il a souligné que la Hongrie n’était pas un étudiant qui devait être "prêt à un examen de fin d’études".
Un pays fier de sa démocratie et de son Histoire
"Nous n’avons pas besoin d’arbitre. Nous sommes au courant de notre situation. Nous sommes fiers de notre démocratie, de nos batailles pour la liberté au cours de notre Histoire, nous sommes fiers de ces 1.000 dernières années et il ne nous faut personne pour le confirmer", a ajouté le ministre.
Il a indiqué que ce que l’on disait de la Hongrie aux États-Unis "n’avait rien à voir avec la réalité".
"Je ne dis pas que c’est un problème. Nous sommes différents et nous pouvons penser de façon différente. Pour moi, l’unique problème à cet égard réside dans l’absence de respect mutuel, car nous respectons la décision des citoyens américains, nous respectons le fait qu’ils veulent avancer, nous respectons leur choix de Président. Mais il n’y a pas de tel respect à l’égard de la Hongrie", a-t-il poursuivi.
M.Szijjarto estime que son pays est, au contraire, l’objet de nombreux "mensonges" et "fake news".
Une Hongrie qui "fait ce qu’elle dit"
Les États-Unis ont invité 110 pays au sommet pour la démocratie. La Hongrie est l’unique État de l’Union européenne à ne pas y être invité, tout comme la Russie et la Chine.
Il a également accusé les pays occidentaux d’une énorme hypocrisie par rapport à la Russie:
"C’est une hypocrisie immense parce que nous avons ce qui suit: de grands pays – des pays grands et forts – peuvent se permettre de parler différemment de ce qu’ils font. Des petits pays ne le peuvent pas".
D’après lui, la Hongrie est différente parce qu’elle "fait ce qu’elle dit".
"Nous ne pouvons pas nous permettre de parler différemment de ce que nous faisons. Tandis que les Européens occidentaux disent une chose et en font une autre", a-t-il souligné.
Il a cité à titre d’exemple leur attitude envers Moscou: ils "critiquent toujours la Russie", mais font affaire avec elle. Cela concerne dans la même mesure la Chine.
L’indépendance de la Hongrie agace l’UE
La Hongrie est depuis ces dernières années la bête noire de l’Union européenne. En 2015, son Premier ministre Viktor Orban avait fermé ses frontières aux migrants refusant de construire "une société post-nationale et post-chrétienne" et cherchant à conserver la culture nationale.
Sa politique anti-LGBT a mis de l’huile sur le feu. L’adoption cet été d’une loi interdisant tout contenu publicitaire ou éditorial visant à promouvoir "chez les moins de 18 ans l’homosexualité, le changement de sexe ou une alternative au sexe de naissance" a scandalisé l’UE.
Sa politique anti-LGBT a mis de l’huile sur le feu. L’adoption cet été d’une loi interdisant tout contenu publicitaire ou éditorial visant à promouvoir "chez les moins de 18 ans l’homosexualité, le changement de sexe ou une alternative au sexe de naissance" a scandalisé l’UE.
Le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, qui assume son homosexualité, a déclaré que son homologue hongrois avait franchi la "ligne rouge".
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a tenu des propos plus tranchants en affirmant que la Hongrie n’avait "rien à faire dans l’UE".
"Nous mettrons les Hongrois à genoux. Ils doivent partager avec nous les valeurs de l’Union européenne", a-t-il déclaré.