Dans une étude récente sur la situation économique de la France, l’OCDE s’inquiète de la dérive de nos finances publiques et invite le gouvernement à engager d’urgence des réformes structurelles.
Le couperet de l’OCDE vient de tomber et il est sans appel. La situation économique française est mauvaise et nos comptes publics sont dans le rouge. L’OCDE s’inquiète de l’augmentation « marquée » de la dette publique pendant la crise COVID et nous enjoint de « développer une stratégie de stabilisation et de réduction progressive de la dette publique […] pour la ramener sur une trajectoire soutenable, étant donné l’augmentation attendue des dépenses liées au vieillissement démographique ».
C’est une préoccupation majeure, à laquelle l’IREF a d’ailleurs maintes fois fait allusion dans ses articles.
L’OCDE estime que notre niveau de dépenses publiques est trop élevé. Il est en effet l’un des plus hauts de l’OCDE, ce qui nuit directement à notre croissance et donc à la soutenabilité de la dette. L’OCDE estime en outre que certaines de ces dépenses manquent d’efficacité.
Pour rappel, le déficit public français est passé de 2,5% en 2018 à 9,1% en 2020, tandis que les dépenses sociales représentent la bagatelle de 31% du PIB contre 20% en moyenne dans les pays de l’OCDE.
Si l’intervention de l’Etat durant la crise COVID était nécessaire, juge l’OCDE, il serait urgent maintenant de développer une stratégie d’assainissement budgétaire à moyen terme fondée sur un examen approfondi de l’efficacité des dépenses, une meilleure affectation des dépenses, une réduction de la masse salariale du secteur public et une régulation des dépenses sociales.
Réformer le système de retraite et favoriser l’emploi des seniors pour faire face au vieillissement démographique
Parmi les recommandations de l’OCDE, figure en premier lieu la réforme du système de retraite français. Elle est plus que nécessaire. En effet, notre système coûte cher, avec des dépenses publiques représentant environ 14% du PIB. Il est aussi profondément incohérent puisque sa structure, d’une rare complexité avec ses 42 régimes différents, empêche les travailleurs d’anticiper leurs droits futurs, ce qui nuit à la mobilité de la main d’œuvre.
Si à toutes ces difficultés on ajoute le fait que, de tous les pays de l’UE, la durée de cotisation au système public est une des plus courtes alors que les prestations sont versées pendant un temps bien supérieur à la moyenne, et que l’âge auquel les Français sortent du marché du travail est le second plus bas de l’OCDE alors que l’espérance de vie à 65 ans est la seconde plus élevée, on comprend aisément la nécessité d’une réforme.
Pour faire face au vieillissement de notre population, l’OCDE propose donc assez classiquement de repousser l’âge de départ à la retraite, sans toutefois dire où placer le curseur.
Elle suggère aussi de mieux intégrer les seniors au monde de l’entreprise en leur facilitant l’accès à des formations, en leur offrant des horaires plus flexibles, voire des temps partiels. Evidemment il faudrait surtout faire évoluer progressivement notre système de répartition vers la capitalisation, ce que l’OCDE ne dit hélas pas.
La gouvernance des finances publiques française est défaillante et sans vision stratégique
Pour mettre le ratio dette/PIB sur une trajectoire soutenable et renforcer l’efficacité des dépenses publiques, l’OCDE estime que la France doit mieux cerner les bénéfices et coûts de chaque politique publique en réduisant la fragmentation des processus budgétaires.
L’OCDE préconise la mise en place d’un système ayant fait ses preuves aux Pays-Bas et en Suède, à savoir l’établissement d’une règle de dépenses pluriannuelle s’appliquant à l’ensemble du domaine public afin d’assurer une meilleure coordination entre secteurs. Il recommande aussi de déterminer des objectifs de performance précis concernant la qualité des services publics ou les économies budgétaires à réaliser. L’inventaire des dépenses pourrait être un outil d’aide au recensement des domaines où des économies sont possibles. L’ensemble de ces mesures devrait favoriser un meilleur alignement des dépenses publiques sur les priorités stratégiques et politiques, comme au Canada ou au Royaume-Uni.
En conclusion, l’OCDE précise que l’absence de réformes structurelles pour stabiliser la dette et compenser l’augmentation des coûts liés au vieillissement démographique risquerait de faire passer le ratio dette/PIB de 120% à 150% en 2060, particulièrement si les taux d’intérêts remontaient fortement.
Espérons que cela incite nos responsables politiques à prendre des mesures fortes.