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6 janvier 2022 21:56
En réponse à la flambée des prix de l’électricité, le gouvernement va obliger EDF à céder encore plus sa production à ses concurrents privés. C’est pourtant cette pratique qui a fait exploser les compteurs ces dernières années. On vous met au jus.
Brader le futur pour sauver le présent: ainsi pourrait-on résumer la politique énergétique du gouvernement. Pour limiter l’impact de l’envolée des prix du kilowattheure sur les marchés, EDF a été sommée par l’exécutif de faire plus de concessions à ses concurrents.
Selon les informations du Parisien, Bruno Le Maire pourrait annoncer "dans les jours qui viennent" la hausse des volumes d’électricité que l’entreprise publique a pour obligation de brader aux revendeurs de courant. L’électricien historique devra ainsi mettre à disposition des "fournisseurs alternatifs" non plus 100 térawattheures (TWh), soit le quart de sa production d’électricité d’origine nucléaire, mais 130 TWh.
La seule zone d’ombre qui persiste concerne le tarif auquel EDF sacrifiera son électricité à ses concurrents. Fixé à 42 € le mégawattheure, ce prix est actuellement six fois inférieur à celui du marché précise le quotidien.

Pour la concurrence, le beurre et l’argent du beurre

Pour le gouvernement, l’objectif est de limiter la casse du côté des foyers. Cet apport d’électricité à bas coût vise à dissuader les fournisseurs alternatifs de s’approvisionner sur le marché, où le cours de l’électricité flambe depuis des mois (+400% en six mois). Contrairement à celle d’EDF, l’électricité revendue sur les places boursières est souvent produite par des centrales thermiques. L’envolée des cours des hydrocarbures, qui dans la plupart des pays européens servent à produire l’électricité qui alimente ce marché, a donc mécaniquement entraîné celui du mégawattheure, avec des répercussions sur le consommateur final.
Or, si cette mesure du gouvernement peut apparaître salvatrice pour les Français, son effet pourrait n’être que de courte durée, voire aggraver la situation à terme. C’est en effet l’introduction d’un tel mécanisme "transitoire" (l’Arenh pour "Accès régulé à l’électricité nucléaire historique"), visant à développer une concurrence à EDF comme l’exigeait Bruxelles, qui a rendu possible cette flambée des prix dans l’Hexagone.
Gaz (Image d'illustration) - Sputnik France, 1920, 04.10.2021
Crise du gaz 2021
Flambée des prix de l’énergie: les Européens chérissent-ils les causes de leur malheur?
Assurés d’obtenir de l’électricité à bas coût à prix constant, tout en voyant EDF obligée de facturer 10% plus cher ses propres clients, les concurrents se sont contentés de revendre aux Français cette électricité qui leur a été cédée. Ainsi, plus de dix ans après la fin du monopole d’EDF, presque aucun des quarante fournisseurs alternatifs ne produit sa propre électricité. En somme, cette concurrence artificielle créée de toutes pièces par l’État français n’a fait qu’inciter des entreprises privées à se comporter comme de simples intermédiaires… au détriment des Français.

Des prix en hausse de 50… à 800%!

Un mécanisme qui présente deux effets pervers. Le premier est de gonfler la facture des consommateurs, qui en plus de payer l’outil de production nucléaire d’EDF à travers leurs impôts, paient à présent la marge des fournisseurs alternatifs à travers les hausses des "tarifs réglementés". Le second est d’exposer ménages et entreprises aux fluctuations des marchés internationaux. Des aléas dont l’actuel parc nucléaire, développé suite aux chocs pétroliers des années 70, avait justement largement mis à l’abri les Français.
 
Conjugué aux lourds investissements consacrés au développement des énergies renouvelables, le résultat de cette politique sur la facture des ménages est sans équivoque. Entre 2010 et 2019, les prix de l’électricité dans l’Hexagone, qui étaient jusqu’alors parmi les plus bas d’Europe, ont bondi de 50%. Un mouvement qui s’est accéléré, avec en une nouvelle hausse de 40% sur les seuls douze derniers mois…
La situation est encore bien pire du côté des entreprises, où le marché a été intégralement dérégulé, conformément aux traités européens. Résultat: le prix du kilowattheure a été multiplié par neuf en un an. Très clairement un avantage compétitif de perdu pour l’outil industriel tricolore. En cédant aux demandes des fournisseurs alternatifs de renforcer l’Arenh, c’est donc dans cette machine infernale que le gouvernement a décidé de remettre une pièce.
 
 
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