Compte tenu de "nouvelles capacités d’exportation" du GNL américain cette année et de ses propres pronostics concernant les
prix élevés sur les combustibles prochainement, M.Yergin prévoit que son pays deviendra un leader mondial des livraisons de GNL, devant l’Australie et le Qatar.
"Dans un marché mondial du gaz tendu, le GNL américain est essentiel pour éviter une pénurie mondiale et garder les lumières allumées en Europe, comme l’a démontré la flottille de pétroliers se dirigeant vers l’Europe", indique Daniel Yergin donnant sa vision du développement de la situation.
Arrêt des gazoducs russes
Dans son analyse pour le Wall Street Journal, le spécialiste américain examine un scénario de l’arrêt partiel ou même total des livraisons de gaz russe en Europe.
"Dans les mois à venir, même si toutes les exportations russes par le gazoduc à travers l’Ukraine étaient coupées, les exportations américaines pourraient combler le déficit. Mais dans le cas peu probable où la Russie couperait toutes les exportations de gaz vers l’Europe, les exportations américaines ne suffiraient pas. L’Europe devrait se débrouiller en utilisant du gaz provenant de stockage déjà mince et en redémarrant des installations au charbon et nucléaires pour produire de l’électricité", détaille-t-il.
Échange avec Poutine
D’après M.Yergin, le Président Poutine a été un des premiers à réaliser "l’importance géopolitique de la nouvelle position pétrolière et gazière de l’Amérique" qui se base sur l’extraction des combustibles fossiles de schiste.
L’expert se souvient d’une session énergétique au Forum économique international de Saint-Pétersbourg en 2013, quand il a posé une
question à M.Poutine sur la diversification de l’économie russe pour réduire la dépendance des revenus issus des exportations de gaz et de pétrole.
En posant la question, l’expert a mentionné le mot "schiste".
"Avant que j’aie terminé, M.Poutine a réagi vivement, dénonçant le gaz de schiste comme une grave menace qui devrait être arrêtée", assure l’auteur de l’article.
Daniel Yergin interprète cet épisode comme un signe d’opposition du chef d’État russe à la compétition énergétique avec le États-Unis en Europe et dans le monde entier.
Sauf que Vladimir Poutine aussi bien que de multiples spécialistes concernés parlent depuis longtemps des conséquences nocives des techniques d’exploitation du gaz et du pétrole de schiste pour l’environnement, notamment de la pollution des nappes phréatiques et de l’air.
Crise ukrainienne dans les médias américains
Depuis la fin de l’année dernière, plusieurs médias américains ne cessent d’alerter sur une
"invasion imminente" de l’Ukraine par la Russie.
Bloomberg a d’abord annoncé sur son site "en direct" que la Russie était en train d’envahir l’Ukraine.
Le média a dû s’excuser mais, quelque temps plus tard, a rapporté citant des responsables sans les nommer, que la Russie pourrait "attaquer" l’Ukraine le 15 février.
Cette dernière annonce sur la date a fait réagir le Président russe. Selon le porte-parole du Kremlin,
Vladimir Poutine a plaisanté, demandant si un média n’avait pas par hasard publié "l'heure exacte du début de la guerre".