À moins d'un mois de l'élection présidentielle 2022 et alors que les candidats présentent leur programme et les mesures qu'ils souhaiteraient appliquer s'ils étaient élus, l'Observatoire de l'immigration et de la démographie (OID) revient dans article de synthèse sur le bilan démographique et migratoire de la présidence Macron. Une présidence marquée, malgré la survenance conjoncturelle de la crise sanitaire, par la poursuite de l'augmentation de l'immigration en France.
L'essentiel :
- 255 675 titres de séjour ont été accordés à des immigrés non européens (i.e. hors EEE) en moyenne chaque année entre 2017 et 2021 sous la Présidence Macron, contre en moyenne 217 463 durant la période 2012-2017 et 188 820 durant la période 2007-2012. Cela représente 1 278 374 nouveaux premiers titres de séjour attribués sous la présidence Macron.
- En 2021, le stock de permis de séjour atteint un niveau inégalé de 3 450 189 permis, soit 15% de plus que le stock en 2017 et 35% de plus qu'en 2012. Dans le trio de tête des pays concernés : Algérie, Maroc, Tunisie.
- Plus de 134 000 demandes d'asile ont été formulées en 2021 après le pic de 177 000 en 2019 : les demandes d'asile ne cessent d'augmenter depuis le début des années 2000 en France. Aghanistan, Côte d'Ivoire, Bangladesh, Guinée, Turquie sont les premiers pays des demandeurs. Au total, cela représente 651 302 demandes d'asile supplémentaires sur la période.
- Le nombre moyen annuel des éloignements et départs de clandestins durant le dernier quinquennat est inférieur de 15% par rapport au quinquennat Hollande : 24 000 éloignements en moyenne contre 28 000 sous la présidence Hollande. Dans le même temps, près de 30 000 clandestins seraient régularisés chaque année.
- Comme l'immigration, l'émigration (c'est-à-dire les Français quittant la France) se poursuit. Alors qu'en 2013, le nombre de Français quittant la France net de ceux qui rentraient s'élevait à 120 000 personnes, ce nombre est de 131 352 personnes en 2019 : c'est comme si l'équivalent de la ville de Brest quittait la France.
- Selon les données fournies par l'INSEE, entre 2012 et 2020, la part des naissances en France issues d'un ou deux parents nés hors Union européenne a progressé de plus de 16%.
L’immigration, et plus largement les enjeux démographiques - qui incluent également le sujet de la natalité, figurent depuis de nombreuses années parmi les principales préoccupations des citoyens français. Nous y avons consacré un article1.
L'élection présidentielle 2022 n'a pas fait exception, comme l'avait anticipé le journaliste de Marianne Hadrien Mathoux, auteur en août dernier d'un article intitulé « le débat sur l'immigration est-il parti pour envahir la Présidentielle ? » 2, et ce malgré la présence dans le débat public d'autres sujets au fort écho médiatique comme la crise sanitaire ou la guerre en Ukraine.
Malgré la survenance de la crise sanitaire, l'immigration a atteint sous la présidence Macron un niveau plus important encore que sous les quinquennats Sarkozy et Hollande.
Si la crise sanitaire survenue en 2020 et qui s'est poursuivie en 2021 et 2022 est venue réduire drastiquement le nombre d'attributions de visas de court séjour (reflux du nombre de touristes, fermeture des frontières, etc.), on constate à la lecture des derniers chiffres fournis par le Ministère de l'Intérieur en janvier 20224 que l'immigration n'a jamais été, sur la période récente, aussi importante que sous la présidence Macron.
Le graphique ci-dessous, construit sur la base des données fournies par le Ministère de l'Intérieur et son département de la statistique, des études et de la documentation, montre que la délivrance des premiers titres de séjour (dont les motifs sont familiaux, économiques, étudiants, humanitaires ou autres) atteint un niveau inégalé jusqu'alors, et ce, malgré le léger reflux constaté en 2020 et lié à la crise sanitaire.
Alors qu'en 2007, environ 171 000 premiers titres de séjour étaient délivrés à des immigrés non européens/extérieurs à l'espace économique européen (EEE), ce nombre devrait atteindre 271 000 en 2021 selon l'estimation du Ministère de l'Intérieur.
Cela représente, sur une année, 100 000 délivrances de premiers titres en plus en 2021 qu'en 2007, soit une augmentation de près de 60%.
En comparant le nombre moyen de premiers titres délivrés annuellement sous les quinquennat Sarkozy (2007-2012), Hollande (2012-2017) puis Macron (2017-2021 - les données 2021 étant provisoires et celles 2022 non encore disponibles), on remarque que l'immigration n'a jamais été aussi importante que sous le quinquennat Macron.
Le stock des permis de séjour n'a jamais été aussi élevé que sous la présidence Macron : 15% de permis supplémentaires par rapport à 2017 et 35% de plus par rapport à 2012.