L’accumulation de la glace dans l’Antarctique année après année y a emprisonné des bulles d’air et des poussières.
Depuis 1956 les Soviétiques ont extrait dans l’Antarctique à leur station Vostok des carottes de glace par des forages de 10 cm de diamètre dans des profondeurs de glace de plus en plus grandes atteignant 3.623 mètres en 1998.
Des Français, notamment Jean Jouzel, ont collaboré à l’analyse des carottes et réalisé des forages. Ces travaux permettent d’estimer en particulier l’évolution des températures de l’atmosphère à l’endroit du forage et de son taux de CO2. Des carottes remontant jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’années ont été analysées. En 2021, 10 pays européens ont entrepris des forages qui permettraient d’aller jusqu’à 1,2 million d’années.
Les quatre dernières périodes glaciaires sont étendues sur 400 000 ans
Les données disponibles sur le volume des calottes glaciaires, fournies par les carottes de glace et des carottes de sédiments océaniques, confortent la théorie publiée en 1941 par l’astrophysicien Milankovitch, dite « cycles de Milankovitch ». D’après cette théorie les périodes glaciaires (glaciations), pendant lesquelles une partie de l’hémisphère Nord était couverte d’une calotte glaciaire épaisse de plusieurs kilomètres, sont liées à des changements de l’insolation dus aux variations de l’orbite de la Terre (la trajectoire elliptique de la Terre autour du Soleil), de son obliquité (variations entre 22° et 25° de l’inclinaison de l’axe Nord-Sud de rotation de la Terre sur le plan de son orbite) et du décalage des saisons causé par les mouvements de l’axe de la Terre.
Les variations de l’insolation en été aux hautes latitudes (aux environs de 65 °) sont déterminantes : pendant les périodes glaciaires, les étés y sont froids du fait d’une faible insolation, la neige de l’hiver n’y fond pas et la couche de glace s’épaissit. Pendant les périodes de réchauffement (dites interglaciaires) la calotte glaciaire fond été après été.
Les quatre dernières périodes glaciaires sont étendues sur 400 000 ans, chacune enregistrant une baisse progressive de la température, de 10 °C à 12 °C, pendant environ 90 000 ans, puis une remontée pendant la période interglaciaire (environ 5.000 ans de remontée rapide puis 5 000 ans de stabilité). La dernière période interglaciaire a commencé il y a environ 10 000 ans. Les variations du volume des calottes glaciaires pendant les périodes glaciaires et interglaciaires sont en très bonne corrélation avec l’insolation à la latitude de 65 °.
Pour les quatre dernières glaciations on a constaté une baisse du taux de CO2 des bulles d’air, et une remontée de ce taux pendant les périodes interglaciaires. En effet pendant les périodes interglaciaires la remontée des températures a causé un accroissement du CO2 dégagé par les couches superficielles des océans intertropicaux. Jean Jouzel écrit que « la hausse des températures a précédé la hausse du taux de CO2 ».
Ce qui signifie que la hausse des températures a été la cause de la hausse du taux de CO2. La cause précède toujours l’effet. Pendant les périodes glaciaires la baisse des températures diminue le dégazage de CO2 des océans intertropicaux et accroit son absorption par les océans froids et entraîne donc une baisse du taux de CO2.
Jean Jouzel a choisi entre la politique, la carrière et les honneurs d’un côté, et la science de l’autre
Les Français qui ont participé aux analyses des carottes sont très liés au GIEC, qui leur a donné des responsabilités dans la rédaction de ses rapports. Jean Jouzel, comme les autres, respecte la mission du GIEC, qui est de prouver que par l’effet de serre l’augmentation du taux de CO2 cause l’augmentation de la température de l’atmosphère et que l’humanité, en émettant du CO2 par la combustion des combustibles fossiles, est responsable de l’augmentation de la température de la Terre.
Cette théorie est en contradiction avec les « cycles de Milankovitch », pour lesquels la variation naturelle de l’insolation due aux mouvements de la Terre a causé les variations du climat et donc du taux de CO2.
Surprise ! Jean Jouzel a reçu en 1997 une « médaille Milankovitch » décernée par une société savante. En janvier 1999 il cosignait dans la prestigieuse revue Nature un article intitulé : « le climat et l’histoire de l’atmosphère des 420 000 années passées ». Cet article donnait l’évolution dans le temps de la température, du volume des calottes glaciaires, du taux de CO2 de l’atmosphère et de l’insolation au mois de juin à la latitude de 65°.
Les courbes en dents de scie étaient parallèles et leurs pics étaient proches à la fin des périodes interglaciaires. Elles montraient « la forte influence de l’obliquité et de la variation des saisons sur les données climatiques ». En novembre 2013 il signait un article sur « l’histoire de la science des carottes de glace ». Cet article confirmait « la validité de la théorie de Milankovitch ». Celle-ci explique donc toujours que les mouvements de la terre expliquent les variations de l’insolation et les variations du climat, qui elles-mêmes entraînent l’essentiel des variations du CO2.
Mais dans ses déclarations officielles Jean Jouzel doit affirmer que la température de l’atmosphère dépend uniquement du taux de CO2. Terrible dilemme. Entre la politique, la carrière et les honneurs d’un côté, et la science de l’autre, il a fallu choisir.