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12 août 2022 11:12
La FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a publié le 9 décembre 2021 un rapport intitulé « L’état des ressources en terres et en eau pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde ».
Elle dresse un constat édifiant sur l’avenir de l’agriculture mondiale : il faudra pouvoir nourrir 9,7 milliards d’humains à l’horizon 2050. Pour y parvenir, la FAO estime que la production agricole devra augmenter de 50 % par rapport à celle de 2012.
Cette hausse de 50 % devrait entraîner un accroissement des besoins en eau destinés à l’agriculture de 35 % !
Or dans le même temps, diverses études projettent une baisse, en 2065, du débit moyen des cours d’eau de 10 à 40% et une diminution de 16 à 34% des précipitations printanières et estivales. Même si cette « prophétie » dramatique ne se réalise pas, la consommation d’eau destinée à l’agriculture doit être optimisée.

L’été 2022 est particulièrement sec. Toutes les cultures ou presque en souffrent sur le territoire métropolitain. Les sécheresses, avec des intensités et des localisions différentes, se succèdent : 2018, 2019, 2020 et maintenant 2022 ; et avec elles, les arrêtés de restriction d’eau. Une série difficilement soutenable pour les agriculteurs, en particulier les éleveurs et les céréaliers. Plutôt que de céder au catastrophisme et de se lamenter (la France a connu des sécheresses et des canicules encore plus terribles), le monde agricole innove et se tourne vers de nouvelles techniques. Le stockage (à grande échelle) de l’eau serait l’une des plus efficaces et des plus pérennes. Malheureusement, les réglementations étatiques et les écologistes viennent bloquer ces solutions.

Stockage de l’eau : un cadre réglementaire restrictif pour l’agriculture

Cela fait déjà plusieurs années que des techniques permettant d’optimiser l’utilisation de l’eau en agriculture sont mises en œuvre. Elles sont nombreuses : l’irrigation au goutte-à-goutte, l’usage de sondes et de stations météo connectées qui aident à diminuer la consommation par hectare, l’installation de couverts végétaux et l’enherbage qui protègent les sols et retiennent l’eau, voire la génétique afin de trouver des variétés plus résistantes à la sécheresse.

Une autre solution serait de réutiliser les eaux usées traitées. La France est, comme souvent, à la traîne dans ce domaine. Maximilien Pellegrini, président de la FP2E (fédération professionnelle des entreprises de l’eau) indique qu’en France, « nous réutilisons 0,8% des eaux, alors que l’Espagne est à 14% et l’Italie à 8% ».

Si la réglementation européenne promeut cette pratique, la législation française impose trop de contraintes. « Est-il normal que la voirie soit nettoyée avec de l’eau potable ? », se demande M. Pellegrini. Selon le dernier baromètre « Les Français et l’eau » (Kantar / CIEau 2021), 81% des Français accepteraient de consommer des légumes arrosés avec des eaux usées dépolluées. A l’Etat de rendre cela possible en allégeant les contraintes.

Toutes les solutions présentées ci-dessus doivent cependant être accompagnées du stockage à grande échelle de l’eau. C’est là que le bât blesse. André Bernard, président de la chambre d’agriculture de la région Paca, déplore une situation incohérente : « Les citoyens qui récupèrent l’eau qui tombe de leurs gouttières sont récompensés, mais les agriculteurs qui veulent faire un trou pour stocker l’eau sur leurs exploitations sont traités de criminels ».

La réflexion sur la lutte contre la sécheresse et le stockage de l’eau ne date pas d’hier. En 2011, le président de la République en exercice, Nicolas Sarkozy, avait annoncé un plan permettant la construction de retenues d’eau afin d’accroitre la capacité de stockage de 40 millions de m3.

Mais avec l’élection de François Hollande et un gouvernement socialiste et écologiste au pouvoir, les deux décrets publiés en 2012, qui actaient un assouplissement des seuils de stockages soumis à déclaration et la suppression de la possibilité des recours, ont été supprimés. Il fallut attendre l’arrivée du gouvernement d’Emmanuel Macron pour qu’en 2019 le ministre de l’agriculture de l’époque, Didier Guillaume, annonce la création d’une soixantaine de retenues collinaires en France dans les trois ans. Son successeur, Julien Denormandie, avait pour ambition de simplifier les procédures. Marc Fesneau, le nouveau venu, semble vouloir poursuivre dans cette voie. Mais nous n’en sommes encore qu’aux intentions, alors qu’il y a urgence.

En effet, la loi sur l’eau de 2006 a donné naissance à une réglementation complexe et à un cadre restrictif pour le monde agricole. Elle limite fortement tous les projets qui s’appuieraient sur un cours d’eau. Ainsi, les demandes de retenue créée le remplissage d’un plan d’eau nécessitant un détournement de cours d’eau ou de barrage, sont presque toujours refusées, et génèrent de forts contentieux avec les militants écologistes. Le cas du barrage de Sivens en est un parfait exemple.

D’autres techniques existent, comme les retenues collinaires, qui se remplissent via les eaux de pluies, et les forages. Elles sont également vilipendées par la population, les autorités et les écologistes qui y voient une atteinte au remplissage et au maintien du niveau des nappes souterraines.

Il faut cependant savoir que les stockages d’eau ne sont pas tous considérés de la même manière. Prenons l’exemple des gravières, dont on extrait le sable et le gravier nécessaires pour le secteur routier et le BTP. Elles se remplissent d’une eau qui provient directement des nappes phréatiques mais bénéficient pourtant d’une réglementation beaucoup plus souple que celle qui régit l’agriculture : la loi sur l’eau précisant que les pertes par évaporation des plans d’eaux de carrières ne sont pas considérées comme des « prélèvements », elles sont acceptées. L’agriculture serait-elle moins importante que la construction d’autoroutes et d’immeubles ?

Qui plus est, en agriculture, chaque projet nécessite des études à la fois complexes et chères, sans aucune garantie qu’il aboutisse un jour. Le moindre impact sur un cours d’eau, la détection de zones humides, peuvent entraîner un refus en raison de cette loi sur l’eau. Même validé, un projet peut être attaqué en justice par le voisinage ou par les associations écologistes bien rompues aux recours judiciaires. Un rapport d’information de l’Assemblée nationale daté du 4 juin 2020 avait notamment relevé que sur le bassin de l’Aquitaine, 21 projets de retenues d’eau sur 34 étaient en contentieux judiciaire, et 31 sur 60 sur le bassin Loire-Bretagne.

Si l’ancienne législature de l’Assemblée nationale a adopté, le 16 septembre 2020, deux amendements favorables à l’irrigation dans le cadre du projet de loi « d’accélération et de simplification de l’action publique », l’ensemble des contraintes administratives, l’empilement des règlementations et des déclarations multiples, ainsi que les délais, découragent les agriculteurs.

Même pour des « bassines » plus petites et des forages peu importants, plus faciles à réaliser, les contraintes demeurent. Tout comme les difficultés techniques liées à la bonne gestion et utilisation de l’eau stockée. La marge de manœuvre est donc très restreinte.

L’écologisme, ennemi intime des économies d’eau

Stocker l’eau quand elle abonde, quand les nappes sont pleines (en hiver) et l’utiliser quand elle manque (en été) semble être une idée de bon sens. Pourtant, elle soulève des polémiques, en particulier chez les écologistes. Selon leurs dogmes proches du fanatisme religieux, il ne faut pas préempter la ressource en eau car cela perturberait le cycle naturel. Rien de plus faux évidemment, étant donné que l’eau se stocke en agriculture depuis la nuit des temps. Nos arrière-grands-parents récoltaient l’eau de pluie pour la réutiliser.

Une étude menée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) qui a modélisé l’impact du projet de « bassines » destinées à l’irrigation agricole sur le bassin de la Sèvre niortaise-Marais poitevin, indique que « les prélèvements hivernaux pour le remplissage des réserves de substitution auraient un impact négligeable sur les nappes souterraines et les débits des cours d’eau.

Le projet permettrait même une amélioration globale du niveau des nappes en printemps-été, la profondeur de la surface de la nappe pouvant augmenter de plusieurs mètres dans les zones où d’importants prélèvements estivaux sont substitués ». En ce qui concerne les cours d’eau, les résultats de la simulation du BRGM montrent un effet positif en printemps-été, de 6% de débit supplémentaire en sortie du bassin pour le mois de juillet.

Selon Léna Abasq, hydrogéologue spécialisée en modélisation, « pour des cours d’eau comme le Mignon [la rivière locale], une augmentation de débit de l’ordre de 40% pourrait être atteinte par rapport au débit observé entre 2000 et 2011 ».

Les faits et la science importent peu pour les écologistes qui non seulement introduisent des recours contre l’installation de bassines, mais s’emploient à les saboter. L’affaire la plus récente remonte à quelques jours seulement. Lundi 8 août, dans le sud de la Vendée, deux grandes réserves d’eau ont été saccagées. Un nouvel acte d’éco-terrorisme qui ne fait qu’en allonger la liste.

L’agriculture doit s’adapter au climat. C’est ce qu’elle fait depuis toujours. Le défi est de taille car outre le dérèglement climatique que nous connaissons actuellement, il y a plus de 8 milliards d’humains à nourrir sur Terre, bientôt 9 puis 10…

Comme le rappelait Emmanuelle Ducros dans sa chronique du 2 août sur LCI, « il ne pleut pas moins mais de manière désordonnée ». L’Apocalypse climatique n’est pas pour tout de suite. Il convient donc de réfléchir à un nouvel usage de l’eau, sans hystérie.

Travailler sur les OGM afin d’obtenir des plants plus résistants à la sécheresse et moins gourmands en H2O est une nécessité, mais on ne pourra pas se passer de l’eau en agriculture. Assouplir les réglementations concernant le stockage s’avère donc crucial.

 

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