La France a enregistré en 2022 la plus haute augmentation de défaillances d’entreprises de son histoire, à près de 50 % sur un an, selon un rapport du cabinet spécialisé Altares.
En tout, ce sont 42 500 entreprises qui ont mis la clef sous la porte en 2022, soit +49,9 % par rapport à 2021 – un chiffre inégalé, résultant d’une reprise économique à la traîne depuis la Covid-19.
Si les chiffres restent encore inférieurs, d’environ 10 000, par rapport à l’avant-Covid, l’écart s’est drastiquement réduit tout au long de l’année dernière. Les défaillances avaient fortement reculé entre mars 2020 et novembre 2021, quand l’Etat était intervenu pour soutenir les entreprises face à la pandémie.
Une tendance dont EURACTIV soulignait les risques dès août 2022, alors que s’amorçaient les premiers remboursements des Prêts garantis par l’État (PGE) et les recouvrements des dettes sociales, telles que les charges URSSAF.
+78 % chez les PME
Si les entreprises les plus concernées par les faillites restent les plus petites, la situation est de plus en plus préoccupante dans les PME (10 à 99 employés), et ce dans toutes les régions de France : « 3 214 ont défailli en 2022 contre 1 804 en 2021, soit une envolée de +78 % sur un an », selon le rapport. Un tiers de ces défaillances ont eu lieu sur les trois derniers mois de 2022, soit une augmentation de 93 %.
« Lorsque des PME tombent, c’est tout le maillage local qui est impacté », décrypte Thierry Millon, responsable de l’étude, pour EURACTIV France. « Elles ne peuvent plus payer leurs fournisseurs et le niveau d’emploi menacé est plus important ».
Fait notable, certaines PME étaient saines économiquement et « avaient un cahier des charges rempli », souligne M. Millon.
En cause, les contraintes financières nombreuses qu’imposent les remboursements des PGE et dettes URSSAF, qui s’ajoutent à une situation économique morose et des factures énergétiques en essor. L’époque du « quoi qu’il en coûte », période durant laquelle l’État a pu soutenir les entreprises tous azimuts, est aussi terminée.
« Tous les facteurs sont là pour rendre le premier trimestre 2023 très inconfortable pour de nombreuses entreprises », alerte M. Millon, faisant craindre un retour aux valeurs d’avant-crise plus tôt que prévu.
55 000 défaillances en 2023
Le rapport table sur 55 000 défaillances en 2023, soit un retour aux chiffres de 2017, lorsque 55 400 entreprises avaient mis fin à leurs activités.
En outre, aucun secteur n’est épargné : la construction représente le quart des faillites, avec 10 000 fermetures. Idem dans le commerce, notamment le commerce de détail, qui voit le nombre d’entreprises, et notamment les plus petites, péricliter. Quant aux services aux entreprises, ils accusent une augmentation plus contenue, à +32,3 % par rapport à 2021.
Une tendance qui ne se limite pas à l’Hexagone : 100 000 entreprises sont à risque de faire faillite en Italie, selon les chiffres d’octobre 2022 de l’Osservatorio Rischio Imprese du cabinet d’études de marché Cerved. En Pologne, les demandes de suspension temporaire des activités ont augmenté de 39,4 % au cours des douze derniers mois.
Quant au Royaume-Uni, « plus d’une entreprise britannique sur dix a signalé un risque modéré à grave d’insolvabilité en août 2022 », selon une note de l’Office for National Statistics (ONS).