"Les transformations, que ce soit au sein de l’industrie ou dans l’économie de manière plus générale, préfigurent un nouveau modèle de développement de l’économie de la Russie. Aussi, la croissance probable de l’économie russe pour 2023 est estimée à 2%, voire 2,5%", affirme à L’Afrique en marche l’économiste français Jacques Sapir.
La panique bancaire américaine actuelle témoigne plus que jamais d’une situation qui ne cesse de se compliquer. La faillite de Silicon Valley Bank (SVB), Silvergate Bank, Signature Bank et enfin la First Republic Bank, aux États-Unis, le rachat de Crédit Suisse par UBS et enfin les soucis de Deutsche Bank en Allemagne, ont ravivé les craintes d’une crise financière majeure, comme en 2008-2009. En effet, près de 200 banques régionales commerciales américaines sont aujourd’hui dans la même situation que SVB, selon une récente étude.
Dans ce contexte international compliqué, "l’économie russe, à contrario, a réussi à récupérer rapidement des effets négatifs engendrés par les sanctions occidentales", affirme à Radio Sputnik Afrique l’économiste français Jacques Sapir, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHSSS) à Paris, où il y dirige le Centre d'Études des Modes d'Industrialisation (CEMI), également membre étranger de l'Académie des Sciences de Russie.
🔸Pour lui, "cette récupération est certainement le résultat de la politique économique menée par le gouvernement, notamment en termes d’investissements [avec une augmentation de 7% du PIB pour l’ensemble de l’année 2022, ndlr] et des efforts consentis par les entreprises pour relever le défi de produire ce qui n’est plus possible d’importer de l’étranger". Et d’ajouter: "Il y a ensuite le développement de liens économiques avec l'extérieur et c'est là où on voit d'ailleurs l'échec des sanctions. C'est que le commerce russe, progressivement, a réussi sa mue.
Il était largement lié au monde occidental: l'Union européenne représentait pratiquement 45 % du commerce extérieur de la Russie. [...] Et là, la Russie a réussi à trouver de nouveaux partenaires économiques".
"Les transformations, que ce soit au sein de l’industrie ou dans l’économie de manière plus générale, préfigurent un nouveau modèle de développement de l’économie de la Russie. Aussi, la croissance probable de l’économie russe pour 2023 est estimée à 2%, voire 2,5%", estime l’expert.
En ce qui concerne les pays africains qui ont été affectés par les sanctions anti-russes, M.Sapir suggère que l'UE ne devrait pas être prise comme exemple pour assurer la résilience de leurs économies. Selon lui, il ne faut pas commencer par "la coopération en général" mais par "la coopération sur des objets": "Il vaut mieux développer des projets de coopération autour de projets ciblés, par exemple le développement de l'industrie automobile. [...]
Il est très clair qu'il y a aujourd'hui les capacités en Afrique de développer une telle industrie pour alimenter le marché africain. Mais encore faut-il que certains pays s'associent autour de ce projet. Et je pense que l'idée de développer une industrie automobile sur plusieurs pays, ça peut être un projet important de développement pour les pays africains." D'autant plus que "l'une des limites au développement de l'Afrique, c'est que les transports sont incertains".
t.me/russiejournal