Il y a deux semaines, plusieurs étudiants ont bloqué le conseil d’administration de Paris-VIII, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). La présidente de l’université, Danielle Tartakowsky, prévoyait de soumettre au vote une révision du règlement intérieur, partie intégrante d’un plus large «plan de sécurisation» des lieux. Mais les opposants au nouveau règlement estiment qu’en tant qu’héritière du Centre universitaire expérimental de Vincennes, Paris-VIII doit conserver sa «tradition d’ouverture».
On s’embrasse dans les labyrinthes de carrelage blanc comme on déplie un tapis de prière dans le coin d’un escalier de fer, à l’abri des regards.
Selon ce projet, l’accès au campus – aujourd’hui ouvert à tous – pourrait être limité aux usagers, personnels et personnes autorisées. Des contrôles réguliers pourraient être effectués par des vigiles privés.
Le plan de sécurisation prévoit par ailleurs l’installation de nouvelles caméras et la fermeture plus fréquente des locaux. Des mesures que la direction justifie en raison de vols et d’agressions à répétition : «Nous avons eu de grands mouvements de cambriolage. Dès qu’une commande de Mac arrivait, on avait une visite dans les quinze jours. » […]
Sylvain, porte-parole du syndicat Solidaire : «L’installation de caméras et le contrôle des cartes s’inscrivent dans une logique de flicage. Ça vise les gens qui viennent à l’université sans y être inscrits et remet en question la tradition qui veut qu’ici, on puisse faire cours dans les couloirs.»
La direction, elle, renvoie à ces pétitions émanant d’une partie du personnel Biatoss (bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, ouvriers, personnels sociaux et de santé) et du corps enseignant, qui dénoncent un sentiment d’insécurité :«Même les agents du service de sûreté nous disent qu’aujourd’hui, ils ont peur. Qu’ils habitent le quartier et qu’ils n’osent plus intervenir par peur des représailles.» […]
Myriam, étudiante en master de sociologie, hausse les sourcils derrières ses lunettes : «Ça ne changera rien. Ton portable, tu te le feras arracher à la sortie. Ils vont dépenser des milliers pour des vigiles et des caméras alors qu’on n’a même pas de portes dans les toilettes.» […]