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david MIEGE
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29 octobre 2013 02:41

Addendum : Interview d’Achille Mbembe sur Rue 89.

Tout racisme a une dimension hallucinatoire, paranoïaque et phobique. Tout cela représente la figure d’un moi qui défaille. Un moi fêlé. Une part des discours sur les étrangers, sur l’islam, sur le voile n’a rien à voir avec la raison.

Les relations inter-raciales ont-elles évolué aux Etats-Unis depuis Obama ? Sont-elles un autre baromètre de l’évolution possible du monde ?

Pour l’avenir, il est clair que ceux qu’on appelle «les Blancs» vont constituer une minorité d’ici une cinquantaine d’années. D’ores et déjà, leur pourcentage au sein de l’électorat américain va décroissant. A moyen terme, le pays sera encore plus cette énorme mosaïque humaine où les gens d’origine européenne constitueront une composante parmi les autres. D’énormes résistances se manifestent face à ce déclin annoncé.

Rue 89

Né au Cameroun, Achille Mbembe enseigne l’histoire et les sciences politiques à l’université de Witwatersrand à Johannesburg en Afrique du Sud et à Harvard aux États-Unis. De passage en France, où il a fait ses études, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage «Critique de la raison nègre» (La découverte), il réagit à l’actualité des flux migratoires en Europe.

Son essai lumineux décode en effet magistralement ces forces obscures qui, entre crise et repli, traversent aujourd’hui nos sociétés mouvantes.

Dans votre dernier livre, vous insistez sur le fait que l’Europe n’est plus au centre du monde, et pourtant elle attire encore une immigration qui fait l’actualité…

L’Europe entre dans une phase où il sera de plus en plus clair qu’elle ne formera plus jamais une société homogène et qu’elle devra conjuguer son identité sur le mode de la multiplicité. Elle doit faire face à cette mosaïque alors même qu’elle n’est plus le centre de gravité du monde. La combinaison de ce déclassement historique et de l’émergence, ou résurgence, de forces de clôture n’est pas accidentelle. Elle aggrave la prolifération de fantasmes. L’écart entre le déclassement effectif de l’Europe et la prise de conscience mondiale de ce dernier (y compris chez ceux qui pensent encore y trouver leur salut), cet écart, ce décalage, explique la collision des temps si caractéristique de ce que nous vivons actuellement. Les grands laboratoires de demain sont en Afrique, en Amérique latine, en Asie, en Chine, en Inde, au Brésil, ce qui ne veut pas dire que l’Europe n’a rien à dire. Il faut seulement qu’elle accepte que le monde l’aide à réanimer ce que fut son idée.

Face au nègre, la raison perd la raison.

Aujourd’hui, en France, le Blanc se découvre tel face au Noir dans une société multiraciale.Comment s’explique ce recours-retour à la couleur de peau comme marqueur de différence ?

En effet, on assiste de la part de communautés noires aujourd’hui en France à un moment culturel assez particulier qui vient répondre à la façon dont ces communautés ont été historiquement enfermées dans une problématique de la différence. On a vu dans l’histoire des États-Unis ce moment où l’on dit aux Noirs «vous êtes différents». Leur réponse en forme de «oui nous sommes différents» est une étape de revendication, pour faire communauté, pour faire masse, afin d’être traités comme les autres. Cette revendication n’est jamais le moment terminal. Mais, bien sûr, le risque est gros que cette étape ne soit pas franchie et que se développe alors ce type de repli. […]

Le Point

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CITOYENS ET FRANCAIS - dans Immigration