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28 avril 2014 01:07

Le cas très médiatisé du jeune Vaudois revenu de Syrie a attiré l'attention sur la question des jeunes Occidentaux qui partent combattre à l'étranger.

 

Alors que l'OSCE se réunit à Interlaken (BE) fin avril pour évoquer les enlèvements contre rançons, un autre sujet de discussion sera à l'honneur: celui des Suisses qui partent combattre en Syrie notamment.

 

La radicalisation extrémiste en Suisse reste faible comparativement à d'autres membres de l'OSCE. Mais plusieurs cas médiatisés, dont celle du jeune Vaudois revenu de Syrie, en ont fait un thème de discussion avant la conférence d'Interlaken (BE) (lire: Les enlèvements contre rançon au menu de l'OSCE), même s'ils n'ont pas le statut de terroristes. Se pose notamment la question de leur réintégration dans la société.

«Il faut être attentif. C'est un problème relativement nouveau» pour la Suisse, a indiqué dans un entretien le président de la Confédération Didier Burkhalter. Il faut évaluer comment réintégrer au mieux ces personnes lorsque la situation le permet.

Au total, jusqu'à 11'000 «combattants étrangers» ont rejoint la Syrie depuis le début du conflit en 2011, soit environ 10% du nombre total des rebelles, selon les estimations publiées en décembre par le Centre international d'étude sur la radicalisation (ICSR), basé à Londres.

La situation stagne depuis notamment parce que 90% des combats ont lieu entre groupes rebelles et jihadistes. Et «les Occidentaux vont en Syrie» pour affronter le président Bachar al-Assad, pas pour se battre entre opposants, souligne le directeur de l'ICSR, Peter Neumann. Par ailleurs, les Syriens leur disent souvent qu'ils ne veulent pas d'eux.

Sur place, ces personnes doivent être traitées comme des combattants qui bénéficient de la protection des Conventions de Genève. Mais souvent, elles sont considérées comme terroristes.

«10 à 12» personnes pour un individu

Selon le Service de renseignement de la Confédération (SRC), 15 à 20 Suisses se sont rendus en Syrie - dont deux à trois chrétiens désireux de défendre leur communauté minoritaire dans ce pays. La qualification juridique de ces faits varie en fonction des circonstances.

Dans un récent rapport, l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a évoqué plusieurs milliers de sympathisants des milieux radicaux en Suisse. Quelques dizaines sont considérés comme des extrémistes islamistes. Les personnes qui se radicalisent en Suisse «ont pour la plupart grandi en Suisse ou y sont nées», souligne le responsable de cette étude, Lorenzo Vidino.

Une fois que les combattants reviennent, les autorités doivent évaluer si elles les surveillent, si elles les poursuivent ou si elles peuvent les réintégrer. Une surveillance permanente demande «10 à 12» personnes pour un individu, fait remarquer Lorenzo Vidino. Seuls les plus dangereux seront l'objet de ce dispositif, souligne Peter Neumann.

En effet, «des groupes islamistes en Syrie liés à Al-Qaïda recrutent et forment des Américains et d'autres Occidentaux pour qu'ils commettent des attentats dans leur pays», selon la spécialiste du terrorisme au Centre d'études de politique de sécurité de Genève (GCSP), Christina Schori-Liang.

Dispositif peu important en Suisse

Pour ceux qui peuvent être réintégrés, les mesures vont du traitement psychologique, notamment chez des jeunes de 16-17 ans, à la rescolarisation en passant par le déplacement dans une autre ville. La famille ou la communauté, dont les imams, sont utilisées. Un appartement ou un travail peuvent aussi contribuer à cette réintégration.

Dans certains pays, des mesures locales avec les mêmes acteurs ont par ailleurs été mises en place pour détecter la radicalisation. Elles sont coordonnées en unités dans les villes. Le gouvernement central ne peut lui qu'aider. De tels dispositifs ne sont pas vraiment prévus en Suisse.

L'organisation est partiellement du ressort des cantons et demande une forte coopération, souligne Lorenzo Vidino. Une discussion avait eu lieu il y a quelques années, mais les cantons ne souhaitent pas forcément une intrusion fédérale dans leurs compétences.

Manuel de l'OSCE

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) vient de son côté de publier un manuel sur la prévention en intégrant les communautés. Co-financé par la Suisse, il estime que cette mesure permet d'améliorer le respect des droits de l'homme.

«L'islamophobie grandissante en Europe peut aussi être surveillée» grâce à cette politique, affirme Christina Schori-Liang. En revanche, le manuel met en garde contre la surestimation, la stigmatisation ou encore la surveillance de certaines communautés avec une telle approche.

Turquie mobilisée

Sur le plan international, la coopération se limite au partage de renseignements ou à la prévention. Des Etats dialoguent notamment avec la Turquie pour surveiller ou interdire l'accès des «combattants étrangers» à la Syrie.(ats/Newsnet)

 

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