Chômage, fiscalité, crise de la dette, immigration, droit de vote des étrangers, énergie nucléaire, style de présidence... Retrouvez les temps forts du débat présidentiel.
Interviewé ce matin sur RTL, Nicolas Sarkozy a affirmé avoir eu "plaisir à faire (le) débat" d'entre-deux tours face à François Hollande. "Je pense qu'il n'a pas abaissé la vie politique, il a été fort". Le président sortant a réaffirmé qu'il aurait préféré "deux voire trois débats". Il a aussi espéré que le choix des Français sera "plus facile après qu'avant le débat". "Jamais une élection n'aura été aussi indécise", a-t-il ajouté, estimant que le résultat du second tour "se jouera dans un mouchoir de poche".
Pendant près de trois heures, les deux candidats ont présenté leurs divergences point par point, s’invectivant parfois et se coupant fréquemment la parole. ".
François Hollande était lui l'invité de France inter : "Je ne suis pas là pour me tresser des couronnes de lauriers, ce sont les français qui vont décider dimanche. (...) Mon objectif était que tout soit dit et tout a été dit." "Depuis 5 ans il y a beaucoup de tensions, qu'est ce qu'il y a eu comme fracture, agressivité, le débat l'a démontré". "Est ce que j'ai utilisé le mot mensonge, calomnie ? Je n'ai pas traité mon interlocuteur de petit calomniateur, j'ai pointé des erreurs", a-t-il ajouté.
Pendant près de trois heures, les deux candidats ont présenté leurs divergences point par point, s’invectivant parfois et se coupant fréquemment la parole. Accusations de mensonges et de calomnies ont volé à plusieurs reprises.
Emploi :
François Hollande attaque d'emblée le bilan de Nicolas Sarkozy en matière d'emploi, estimant que le chômage a atteint par sa faute un "record". Le candidat PS tacle son adversaire, lui rappelant qu'il avait promis de ramener le taux de chômage à 5% en fin de mandat, contre 10% aujourd'hui. Le candidat socialiste expose ensuite ses solutions : créer une banque publique d'investissement pour favoriser l'industrie, mobiliser l'épargne des Français, créer un contrat de génération pour aider les populations les plus touchées par le chômage, les jeunes et les seniors.Pour Nicolas Sarkozy, les chiffres brandis par son concurrent sont "faux" puisqu'il estime que le taux de chômage a augmenté "deux fois moins que nos partenaires de la zone Euro". "Quoi qu'il arrive, vous êtes content", ironise François Hollande alors que le chef de l'Etat défend son bilan
Le candidat-président présente sa proposition-phare : la TVA sociale, pour éviter "le cancer des délocalisations". François Hollande fait valoir que cette mesure ne toucherait l'industrie qu'à hauteur de 3 milliards d'euros, contre 10 milliards sur les services, soit un impact limité sur les délocalisations selon lui. Il estime par ailleurs que cette mesure nuirait au pouvoir d'achat : "J'ai fait le calcul : 300 euros pour un couple de smicard", affirme le candidat PS. Nicolas Sarkozy rappelle que Manuel Valls - directeur de la communication du candidat PS - soutenait pourtant ce principe de TVA lors de la primaire socialiste.
Dette / déficit :
François Hollande estime que le paquet fiscal et les "largesses fiscales" de son adversaires sont responsables de la dégradation des comptes publics. Le candidat socialiste rappelé son souhait de créer une nouvelle tranche de l'impôt sur le revenu et de restaurer l'impôt sur la fortune pour un budget à l'équilibre en 2017. "Je n'ai pas fait de cadeaux aux plus riches", se défend le président-candidat. Nicolas Sarkozy fustige la proposition de son adversaire de créer 60 000 postes dans l'Education. Il lui reproche ensuite de ne pas avoir voté la réforme des retraites, qui a permis selon lui de réduire de 20 milliards la dette.
Europe :
Le candidat socialiste réaffirme son souhait de renégocier le traité européen signé en janvier. Il développe son projet de mobiliser la banque européenne d'investissement pour la recherche, les fonds structurels, de mettre en place une taxe sur les transactions financières à l'échelle européenne et des Eurobonds. Il reproche enfin à Nicolas Sarkozy de n'avoir rien obtenu de l'Allemagne dans la gestion de la crise. "Vous trouvez qu'on n'a pas assez de dette en France", réagit Nicolas Sarkozy, hostile aux Eurobonds. Le président-candidat vante ensuite son action auprès des dirigeants européens au plus fort de la crise. "Nous avons évité la disparition de l'Euro (...) l'Europe s'en est sortie."
Immigration :
Nicolas Sarkozy réaffirme sa volonté de réduire l'immigration légale par deux. Il développe ensuite sa volonté de confier au même juge la décision concernant la rétention et l'expulsion. François Hollande lui fait remarquer que cette mesure concerne non pas les immigrés légaux mais les immigrés illégaux.
Le candidat socialiste est mis en difficulté sur les centres de rétention. Il répond "bien sûr" lorsque son rival lui demande s'il faut garder on non ces centres de rétention administrative (CRA). "Alors pourquoi vous avez écrit dans cette lettre au DG de France Terre Asile : 'Je souhaite que la rétention devienne l'exception'. S'il n'y a plus de rétention, M. Hollande, on ne peut plus maîtriser l'immigration", lui rétorque Nicolas Sarkozy. Lorsque le candidat PS évoque l'alternative de l'assignation à résidence, son rival ironise sur les clandestins qui auraient un "domicile connu"."Je suis pour qu'il y ait des étudiants étrangers qui viennent sur notre territoire. Et j'ai trouvé regrettable que M. Guéant fasse une circulaire pour compliquer leur situation", ajoute le candidat socialiste, qui s'engage ensuite à ne pas tolérer la viande halal dans les cantines des écoles, ni à accepter des horaires de piscine différents hommes-femmes
Sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, François Hollande évoque la position auparavant favorable de Nicolas Sarkozy sur ce sujet. "Moi je ne change pas de position", affirme le socialiste. "Nous devons avoir un islam de France, et non pas un islam en France. Si vous donnez le droit de vote aux immigrés, il y aura des revendications communautaires aux élections, des horaires différents dans les piscines, des menus différents dans les cantines", lui rétorque Nicolas Sarkozy. "Pourquoi vous laissez supposer que les étrangers non communautaires, non européens, sont des musulmans ?", demande François Hollande
Nucléaire :
Le candidat de l'UMP rappelle l'importance de la filière du nucléaire, reprochant à son rival de mettre en péril les "240 000" emplois du secteur. "C'est une folie de fermer une centrale de 30 ans d'âge", accuse Nicolas Sarkozy, en référence à la centrale de Fessenheim, la seule que le candidat PS veut fermer. "Vous avez vendu les salariés de Fessenheim sur l'autel d'un accord politique misérable", lance Nicolas Sarkozy, faisant allusion à l'accord PS-EELV qui prévoit notamment la fermeture de la centrale alsacienne. François Hollande cible la dangerosité d'une si vieille centrale, ce à quoi le candidat-président répond : "Les centrales en Suisse ont 60 ans, ce n'est pas un problème d'âge." "J’ai accepté de prolonger le chantier de l’EPR. Je maintiens la filière à nucléaire à 50 % en 2025 (au lieu de 75 % aujourd'hui) donc ne caricaturez pas ma position !", rétorque par ailleurs François Hollande.
source : ATLANTICO