Depuis 2011, des centaines de jihadistes ont quitté la France pour combattre le régime syrien aux côtés de groupes islamistes. Une fois en Syrie, dans les zones tenues par la rébellion qui jouxtent la frontière turque, les apprentis jihadistes français et européens rejoignent majoritairement des groupes radicaux affiliés ou inspirés par el-Qaëda, notamment le Front al-Nosra ou Daech (État islamique en Irak et au Levant-EIIL).
Mais les tensions entre ces différents mouvements font qu’aujourd’hui, ces Français pourraient être amenés à s’entre-tuer.
Depuis 2013, le conflit est devenu plus complexe avec des combats opposant des groupes autrefois alliés contre le régime : l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe jihadiste originaire de l’Irak, face aux rebelles et au Front Al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie.
Anciennement alliés, les rebelles, le Front Al-Nosra et l’Etat islamique en Irak et au Levant s’affrontent depuis début janvier. Accusant l’EIIL d’exactions et de velléités hégémoniques faisant le jeu du régime de Bachar al-Assad, plusieurs brigades rebelles se sont unies pour lancer une offensive contre leurs anciens frères d’armes.
Sur ce front, le bilan des combats féroces dans la province de Hassaka (nord-est) qui opposent les deux bords depuis 10 jours s’est élevé à au moins 120 morts, dont 56 pour la seule journée de samedi.
L’EIIL, le plus radical des groupes djihadistes de Syrie a depuis choisi de se replier sur ses places fortes à l’est, près de la frontière irakienne.
Pour David Thomson, auteur du livre « Les Français jihadistes », les autorités françaises les ont laissé partir en faisant un calcul cynique en les laissant combattre un ennemi commun, le régime Assad.
C’est un grand classique littéraire et cinématographique, des jeunes partant faire la guerre la fleur au fusil pour défendre la veuve et l’orphelin avec l’ idéal de devenir un héros, voir de mourir en martyr et qui découvrent la guerre dans toute son horreur , non seulement sa brutalité mais aussi ses trahisons .
Les voilà , à présent sur le point de s’entretuer.
A cet idéalisme se surajoute un romantisme du djihad avec une dimension eschatologique : préparer la venue d’ `Îsâ au sham qui est censé descendre du ciel à Damas, pour la reconquête de Jérusalem , combattre le Dajjal et amener la justice sur terre.
La liste est longue, chez Stendhal ou Flaubert, des têtes un peu fragiles et éprises d’absolu, de ces aventuriers improbables partis chasser leurs destinées , par refus de l’ordinaire et désir d’être plus que ce qu’ils sont. Historiquement, aussi, les précédents sont multiples et variés.
Ce qui fait la singularité du jihad contemporain par rapport à ces références, c’est l’éclipse de toute rationalité politique, libération nationale ou lutte des classes, et la mise en avant d’une transcendance, mélange de dogmes salafistes et de rengaines eschatologiques.
Une fois les frissons chevaleresques passés, vient le temps du retour à la dure réalité, par exemple : Le Cheikh Mohamed al-Arifi, prédicateur wahabite saoudien suivi par cinq millions d’adeptes sur Twitter , a appelé les jeunes musulmans à se diriger vers la Syrie pour faire le jihad. Et juste après son appel, il s’envole pour la capitale britannique, pour …passer ses vacances.
Le cheikh des moudjahidines prend du bon temps à Piccadilly allongé sur le lit de l’un des plus luxueux hôtels de Londres, pendant que des centaines de jeunes, partis en Orient, meurent chaque jour, suite à son appel retentissant.
Mais c’est ainsi : des gens qui dans leur vie n’ont jamais été dans une bagarre, envoient des hommes se battre et mourir. Ce jihad ne concerne nullement leurs enfants. Un prédicateur, interrogé à propos de ses quatre enfants qui ne sont partis faire le jihad, a affirmé toute honte bue qu’ils sont à Ryad (capitale saoudienne) en train de faire le plus grand des jihad.
Vision héroïque de la vie.
Source : FRANCE 24 |