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david MIEGE
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26 mai 2012 00:02

Quand l’histoire a-t-elle basculé ? Par la faute de qui ? Des dirigeants qui ont pris des risques inconsidérés ? Des autorités de contrôle qui n’ont pas vu monter la vague ? N’aurait-on pu éviter un tel désastre ? La banque franco-belge Dexia a déjà coûté 18 milliards d’euros, pour l’essentiel aux contribuables français, belges et luxembourgeois, soit presque autant que la faillite du Crédit lyonnais, à la fin des années 1990 (140 milliards de francs soit 20 milliards d’euros).

Et l’ardoise devrait encore grimper, sachant que la Belgique et la France feront tout pour éviter sa mise en faillite, tant ce scénario serait catastrophique pour leurs finances publiques. Retour sur la plus grande catastrophe de l’histoire de la banque en France.


En France, la banque Dexia est le prêteur historique des collectivités territoriales. En Belgique, c’est une grande banque de dépôts de bonne réputation née au XIXe siècle. Surfant sur l’euphorie financière des années 2000, dans un univers que l’on disait ultra-régulé, le groupe met en place un modèle économique incroyablement périlleux. Pour maximiser ses profits, il emprunte de plus en plus d’argent sur les marchés financiers, à court terme et à bas prix, qu’il reprête aux collectivités du monde entier à 30, 40, 50, voire 60 ans ! Il investit aussi dans des produits financiers très rémunérateurs… jusqu’à 25 fois le capital !

Lorsqu’elle éclate fin 2007, la première crise financière assèche la liquidité. Elle met Dexia à terre. Sauvé fin 2008 par les Etats belge, français et luxembourgeois, qui injectent 6 milliards d’euros d’argent public, le groupe ne résiste pas à la crise de la zone euro, fin 2011. Il fait aujourd’hui l’objet d’un plan de démantèlement dont nul ne sait s’il pourra être mené à bien sans une nouvelle recapitalisation publique. Jour après jour, mois après mois, Dexia continue à perdre de l’argent.

Pour assurer son démantèlement, Dexia bénéficie de garanties octroyées par les trois Etats actionnaires. D’un montant actuel de 45 milliards d’euros, ces garanties ont vocation à être bientôt portées à 90 milliards, sous réserve du feu vert de Bruxelles, dont 55 milliards assumés par la Belgique, 33 milliards par la France et 2,7 milliards par le Luxembourg. C’est près du tiers de la dette de la Grèce. Si l’état de santé du groupe devait se dégrader davantage, la piste d’une recapitalisation sera privilégiée afin d’éviter que ces garanties soient appelées. Plusieurs milliards d’euros supplémentaires pourraient être nécessaires… In fine, Dexia promet d’être le fiasco le plus coûteux de l’histoire des banques en Europe !

PLUS GROS QUE LEHMAN BROTHERS

 Quand arrive 2007 et la crise des subprimes – les crédits immobiliers à risques américains -, FSA explose en vol. L’acquisition américaine de Dexia avait accumulé 20 milliards d’euros d’actifs toxiques. Le château de cartes s’écroule. Les Etats sont appelés à l’aide, pour éviter le pire : Dexia est une fois et demie plus gros que Lehman Brothers ! Ils étudient l’option du démantèlement avec la Commission européenne, avant d’y renoncer devant le coût : une perte immédiate de 20 milliards d’euros, ce qui, alors, semble inenvisageable. La voie du plan de redressement est préférée.

Poussés à la démission, Pierre Richard et son bras droit belge Axel Miller, devenu le patron opérationnel en 2006, sont remplacés par Pierre Mariani, ex-banquier de BNP Paribas, ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, et Jean-Luc Dehaene, ex-premier ministre belge. Le duo a pour mission de relever la banque. Il travaille d’arrache-pied. Mais la crise de la dette dans la zone euro les empêche d’achever leur mission. En octobre 2011, Dexia se voit fermer l’accès aux marchés. C’est l’acte II de la chute de Dexia. Il sera fatal.

Un plan de vente d’actifs est enclenché. Une « bad bank » est créée pour regrouper les actifs à risques et les céder au fil de l’eau. La France récupère la partie française de Dexia, dont l’ex-CLF (Dexia crédit local), qu’elle adosse à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Elle crée une nouvelle banque des collectivités, avec la CDC et La Banque postale, pour remplacer Dexia. La Belgique nationalise la partie belge de Dexia, qu’elle rebaptise Belfius.

A aucun moment dans le schéma explosif qui s’est mis en place, le conseil d’administration n’a trouvé quoi que ce soit à redire. Au contraire, en mai 2006, le conseil approuve la stratégie de croissance rapide qui est conduite. Le recours massif à la liquidité de marchés ne semble pas poser problème. Les administrateurs se réjouissent même de la trajectoire financière de la banque, qui semble lui assurer une croissance soutenue jusqu’en 2015.

Jamais, non plus, les autorités de régulation n’apposent leur veto aux options stratégiques. L’Autorité de contrôle prudentiel française (ex-Commission bancaire) rejette la responsabilité sur son homologue belge, l’ex-Commission bancaire, financière et des assurances, « chef de file » du contrôle sur Dexia.

L’avenir de Dexia va s’écrire ces jours-ci. La décision de Bruxelles sur les 90 milliards d’euros de garanties pèse comme une épée de Damoclès sur le groupe, comme sur le reste du système financier européen. Avec 400 milliards d’euros de bilan et 1 500 milliards bruts de contrats financiers croisés (swaps) avec les banques d’Europe, Dexia peut déstabiliser toute la zone euro.

Surtout, l’alternance politique, en France, relance le dossier. Après avoir empoisonné le quinquennat de Nicolas Sarkozy, il risque fort de s’imposer rapidement sur l’agenda de François Hollande et de son ministre des finances.

Lire l’intégralité de l’article sur Le Monde

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CITOYENS ET FRANCAIS - dans Economie