Pour éviter la traversée périlleuse de la Méditerranée, de plus en plus de Maghrébins achètent un billet d’avion pour la Turquie et de là se rendent en Grèce, puis en Macédoine et en Serbie, avant d’entrer dans l’Union européenne, en Roumanie. Mais cette nouvelle route se ferme. Reportage dans le centre de rétention d’Arad, où une cinquantaine d’étrangers attendent d’être renvoyés vers leur pays.
La Roumanie est l’une des gardiennes de la « forteresse Europe ». Elle partage ses frontières avec cinq pays, dont trois sont en dehors de l’Union Européenne (la Moldavie, l’Ukraine et la Serbie). Cette situation géographique fait d’elle un pays de transit, un territoire coincé entre l’espace Schengen et les Balkans. Beaucoup d’étrangers souhaitant atteindre l’Europe de l’Ouest la traverse et, souvent, s’y arrêtent dans le but d’obtenir l’asile. Mais seulement 8% d’entre eux voient leur demande aboutir. Les autres, s’ils ne quittent pas le territoire roumain par leurs propres moyens, peuvent être arrêtés et enfermés dans l’un des deux centres de rétention. Ces derniers sont gérés par l’Office roumain pour l’immigration (ORI), sous la tutelle du ministère de l’intérieur. (…)
Le premier se trouve à côté de l’aéroport d’Otopeni, près de Bucarest, le second, ouvert en 2001, est situé près d’Arad, à la frontière hongroise. Ici, ils sont Moldaves, Russes, Pakistanais, Indiens, Vietnamiens et surtout Tunisiens, Algériens, Marocains, mais tous partagent l’envie d’entrer dans une Union européenne qui ne veut pas d’eux. Chaque histoire a beau être unique, chacune est révélatrice des situations en cours aux frontières de l’Europe.
Après de multiples tentatives de pénétrer dans l’un des pays membres, ceux qui ont vu leur demande d’asile déboutée sont désormais condamnés à attendre. Ils attendent sans savoir jusqu’à quand.