De la sphère politique à la haute fonction publique ou au monde de l'entreprise privée, les passerelles sont nombreuses pour les élites en mal de mandats ou de postes de conseiller. Aquilino Morelle ne devrait donc avoir aucun mal à trouver un point de chute après sa démission.
Atlantico : Aquilino Morelle, ancien conseiller de Lionel Jospin, notamment passé par l'IGAS (Inspection générale aux affaires sociales), vient d'être contraint de démissionner de son poste de conseiller en communication de l'Elysée à la suite des révélations de Mediapart.
Nombreux sont les conseillers politiques à être passés d'un ministère à une entreprise publique. Une fois qu'elles ont quitté le pouvoir, quel est généralement le parcours professionnel des élites qui nous ont gouvernés ?
Eric Verhaeghe : Dans le cas d'Aquilino Morelle, le parcours est assez simple. Il va réintégrer l'inspection générale des affaires sociales, baigné de cette aura si étrange d'avoir été le conseiller du Président. Même maudit, il restera puissant et craint.
C'est la particularité des fonctionnaires qui passent par des postes de pouvoir : lorsqu'ils en sont chassés, ils retrouvent leur carrière d'origine, souvent auréolés de la gloire de ceux qui ont fréquenté l'intimité du pouvoir.
Cette gloire n'est pas que formelle : elle se traduit généralement par des primes mensuelles coquettes, décernées au nom d'une croyance quasi-religieuse : celle selon laquelle la roue tourne et qu'ils retourneront tôt ou tard dans une position professionnelle où ils pourront se venger des mauvais traitements subis dans leur traversée du désert.