La Loi de sécurité citoyenne, adoptée jeudi dernier par le Congrès des députés, prévoit désormais des reconduites directes à la frontière.
Puisqu'aucune clôture ne semble assez haute pour empêcher les migrants de passer, autant faciliter les reconduites à la frontière.
Tel est le raisonnement qui semble avoir inspiré la politique migratoire du gouvernement espagnol, qui contrôle les seules frontières terrestres entre l'Europe et l'Afrique. À Ceuta et Melilla, deux enclaves espagnoles sur le territoire marocain, des milliers de migrants africains tentent chaque année de franchir des clôtures toujours plus hautes, mieux équipées… et plus dangereuses
Dans le texte de la très polémique Loi de sécurité citoyenne, adoptée jeudi dernier en Espagne par le Congrès des députés (la Chambre basse), ...
L'article prévoit de légaliser des pratiques qui jusque-là étaient considérées contraires à la législation espagnole et aux normes européennes. Lesdevoluciones en caliente(reconduites à chaud) pratiquées par la police et la garde civile consistent à remettre aux autorités marocaines les migrants juste après qu'ils ont posé le pied sur le sol espagnol.
Le ministère de l'Intérieur récuse le terme de «reconduite à chaud» et lui préfère celui de «rejet à la frontière». Selon la théorie du ministre, Jorge Fernández Díaz, les migrants entrent en Espagne non pas quand ils passent les clôtures de Ceuta et Melilla mais lorsqu'ils franchissent le cordon policier.
Lames de rasoir
Malgré l'installation d'une deuxième puis d'une troisième ligne de barrières, l'implantation de caméras de surveillance et même l'ajout de lames de rasoir, 28.000 personnes sont parvenues à rentrer sur le territoire espagnol au cours des dix dernières années.
En dépit d'investissements colossaux - 140 millions d'euros au cours des 15 dernières années, selon les calculs du journal El País-, le mouvement s'intensifie. Les images des tentatives massives de passage choquent une opinion publique déjà émue par les arrivées de bateaux de fortune sur les côtes de la Péninsule et dans les îles Canaries.
Impuissant, le gouvernement espagnol s'exaspère de l'inaction des institutions européennes en matière d'immigration qu'il juge promptes à donner des leçons d'humanité. Fernández Díaz a proposé aux critiques de lui fournir «leur adresse» afin de «leur envoyer rapidement ces pauvres gens»
vu sur : http://www.lefigaro.fr/international/2014/12/14/01003-20141214ARTFIG00141-immigrationl-espagne-autorise-les-reconduites-a-chaud.php#xtor=AL-201