Des élus cèdent à la peur et censurent des oeuvres au prétexte de ne pas « stigmatiser » les musulmans. Une attitude indigne de la France du 11 janvier.
Le sénateur UDI de Paris Yves Pozzo di Borgo ne veut pas que le dernier film de Clint Eastwood soit diffusé en France. Ou du moins pas tout de suite, ou pas pour tout le monde. Le Journal du dimancherévèle le contenu d’une lettre que le sénateur a écrite à François Hollande, pour s’inquiéter de la sortie en salle le 18 février d’American Sniper, qui raconte la – vraie – vie d’un tireur d’élite de l’US Army durant la guerre en Irak. Motif : « la stigmatisation de la population musulmane ».
Il se trompe de polémique. Aux États-Unis, où le film rencontre un succès considérable depuis plusieurs semaines, les interrogations portent sur un tout autre sujet : doit-on transformer en héros un assassin, qui a ôté la vie à plus de 150 personnes ? Le fait que ses cibles soient musulmanes n’a même pas été abordé dans un pays pourtant sourcilleux sur le respect des religions. En France, le sénateur favorable à une politique de prévention par l’autocensure demande aussi au ministère de la Culture et au CNC de retarder la sortie du film, ou de l’interdire aux moins de 16 ans.
Besoin de courage politique
Il y a un mois, la France se mobilisait comme jamais pour défendre, entre autres valeurs, la liberté d’expression. Pourquoi, ensuite, infantiliser les Français au point de leur refuser l’accès à une oeuvre plébiscitée outre-Atlantique ?
Appeler les autorités à la censure est très rarement une bonne idée. Cette tendance au politiquement correct, qui confine parfois à la lâcheté, s’est illustrée il y a quelques jours à Clichy-la-Garenne, dans la banlieue parisienne. Le maire PS, Gilles Catoire, a menacé de se désolidariser d’une exposition organisée dans et par sa commune si une installation n’en était pas retirée. Celle-ci, composée de tapis de prière et d’escarpins, avait suscité des mises en garde d’administrés en colère…
À Villiers-sur-Marne, le maire UMP a déprogrammé Timbuktu dans une salle de cinéma à la mi-janvier sous le prétexte – inexplicable pour qui a vu ce film – qu’il risque de faire l’apologie du terrorisme.
Trois élus, un du centre, un de gauche, un de droite, cèdent donc, d’une manière ou d’une autre, à un chantage ou une menace, réels ou fantasmés. Aux États-Unis, Sony a été victime d’un piratage géant qui pourrait provenir de Corée du Nord, piratage destiné à dissuader ce groupe de diffuser The Interview, film qui parodie le pouvoir à Pyongyang. La menace a fonctionné, jusqu’à ce que Barack Obama en personne intervienne, pour exiger que l’Amérique ne cède pas à ce chantage.
The Interview a été diffusé avec un certain succès sur Internet et même dans plusieurs salles de la côte ouest. L’Élysée serait bien inspiré de prendre exemple sur la Maison-Blanche, si cette épidémie de déprogrammation devait se répandre parmi les responsables politiques. Car avec des raisonnements – si l’on ose dire – tels que ceux tenus par les trois élus terrorisés, il y a longtemps que Charlie Hebdo, entre autres, aurait été interdit en France.
vu sur : http://www.europe-israel.org/2015/02/islam-des-elus-cedent-a-la-peur-et-censurent-des-oeuvres-au-pretexte-de-ne-pas-stigmatiser-les-musulmans-le-risque-de-la-lachete/