Pour la première fois, une Saoudienne a participé aux Jeux olympiques. C'était en judo. Wojdan Saharkhani a combattu la tête couverte d'un bonnet noir.
Vendredi matin, la salle de judo de l’ExCel Arena de Londres s’éveille aux premiers combats de cette dernière journée de compétition. A quelques mètres du plateau où sont posés les deux tatamis, Wojdan Saharkhani, dans son grand kimono blanc, attend à côté de la Portoricaine Melissa Mojica, son adversaire. Elle à la tête
Malgré elle, Wojdan est l’attraction de ce début de journée. La jeune femme, engagée dans la catégorie des +78kg, est en effet la première saoudienne à participer aux Jeux. Une « ouverture » que le Comité international olympique a négocié avec le royaume saoudien pour pouvoir annoncer pour la première fois de l’histoire l’engagement de 205 comités nationaux alignant à la fois hommes et femmes dans leur délégation. Si petite soit-elle. Celle d’Arabie Saoudite compte deux athlètes féminines.
C’est un grand pas en avant aux yeux du CIO pour la reconnaissance des femmes dans le sport, mais c’est à petites foulées que ce matin, Wojdan Saharkhani avance vers le tatami, se demandant visiblement où elle allait mettre les pieds. La question de son engagement a duré des semaines. Devant le refus saoudien qu’elle combatte tête nue et face à l’impossibilité technique de porter le hijab dans le combat, il a fallu ces derniers jours que la fédération internationale de judo et le comité olympique saoudien trouvent une solution. Ce sera ce bonnet noir tendu sur les cheveux et déjà porté par des judokates musulmanes en Asie. Il respecte la tradition religieuse et… la sécurité de la jeune femme.
Wojdan Saherkhani, très ou trop intimidée, a donné l’impression de n’avoir jamais pratiqué le judo sérieusement. Empruntée, ne connaissant aucun des codes rituels de présentation ou de règlement. Perdue techniquement et sportivement face à son adversaire, elle n’est restée qu’1’22’’ sur le tapis avant d’être battue par ippon. Une parodie de combat. La Saoudienne a tourné les talons, réajusté pour la 20e fois son bonnet, et filé vers le vestiaire. Mais qu’est-elle venue faire dans cette galère ? Médiatiser son rôle.
« Dans ma famille tout le monde pratique le judo, a-t-elle confié ensuite à la presse avec laquelle elle a passé beaucoup plus de temps que sur le tapis pour assurer la médiatisation de sa présence aux Jeux. C’est mon père, judoka et arbitre, qui m’a montré comment faire. J’étais un peu effrayée en entrant avec toute cette foule. C’était la première fois que je connaissais ça. J’ai été très fière de représenter mon pays en tant qu’athlète féminine. Mon exemple est sûrement le début de quelque chose qui va toucher d’autres sports dans mon pays.»
Sa compatriote, Sarah Attar, étudiante aux Etats-Unis, est attendue au premier tour du 800m, mercredi. Sans ambition sportive mais avec tout autant de détermination médiatique.