Le Dr Mohamed Kandil est professeur d’obstétrique et de gynécologie à la Faculté de médecine de l’Université Menofyia en Égypte, et il est membre du Comité de rédaction de l’International Journal of Collaborative Research on Internal Medicine & Public Health (journal international sur la recherche collaborative en médecine interne et santé publique).
Il a publié sur le site F1000 Research un résumé des résultats de sa recherche sur l’excision. Selon le Dr Kandil, il n’y a pas de preuve de la nocivité de l'excision pour les femmes.
Cet article a pour but unique de décriminaliser l'excision dans les pays occidentaux.
Voici les conclusions du Dr Kandil (traduction par PdV) : «Les législateurs du monde entier sont invités à réviser les lois concernant l'excision des filles. Les parents originaires de sociétés où l'excision est pratiquée et qui ont immigré dans les pays occidentaux, devraient être informés convenablement au sujet des éventuelles complications, mais ils devraient aussi être informés sur le fait que les données concernant ces complications ne sont pas tirées d'études randomisées et contrôlées. Ceux qui insistent pour exciser leurs filles devraient être autorisés de le faire, mais ils devraient être conseillés à ne pas dépasser l'excision de type 1. [enlever le prépuce du clitoris]»
Commentaire de Poste de veille (avec l'aide d'un expert) :
Quand l'auteur parle «d’études randomisées et contrôlées», il nous rit en pleine face, pour la raison que de telles études sont impensables dans un tel contexte. Pour les réaliser il faudrait recruter deux groupes, chacun composé d'un nombre à peu près identique de sujets.
Pour les besoins de la cause on peut avancer le chiffre de dix mille personnes dans chaque groupe. Le premier groupe sera formé de petites filles excisées et le second de non excisées (groupe contrôle). Les deux groupes devront être similaires ou presque en termes d'âge, d'éducation, de religion, de milieu, de culture, de statut économique et social et de condition de santé.
Les conséquences immédiates et tardives de l'excision devront être colligées méthodiquement, ce qui implique que les deux groupes devront être évalués et suivis durant des années (une vingtaine au moins), soit jusqu'après le mariage des filles, leurs grossesses et leurs accouchements. Il faut donc s'assurer du consentement des sujets. Celui de leur parent suffira au début, mais parvenues à l'âge adulte ces filles devront renouveler le consentement de leurs parents et quand elles se marieront le consentement du conjoint devra également être obtenu.
Le fait est que sans consentement aucune étude ne peut être menée. Or il est difficile d'obtenir le consentement des gens surtout que le sujet est d'ordre intime et qu'il implique des questionnaires exhaustifs tant sur le plan physique que psychologique. Rapporter dans les détails les orgasmes ou les douleurs lors de l'acte sexuel ou bien la déception et la frustration, n'est pas facile, surtout que les questionnaires dans de tels cas sont pointus, très élaborés et répétitifs.
De plus, lors des grossesses et des accouchements les dossiers médicaux devront être examinés pour y colliger les éventuels problèmes ou complications. On peut imaginer l'ampleur des moyens consacrés à cette étude, des dizaines de professionnels, médecins, infirmières, intervenants sociaux, psychologues, éthiciens, statisticiens, experts légaux, archivistes, sans compter les centaines de millions de dollars qui devraient être dépensés pour mener à bien ces travaux, lesquels s'étendront sur au moins vingt ans sinon davantage.
En d'autres termes une telle étude est irréaliste et elle n'est pas justifiée déontologiquement en vue des preuves accablantes de la nocivité de l'excision.
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