by Winkelried on 2 avril 2014 in Actualité, International, Islam Centrafrique: l’ONU évacue les musulmans. Alors que la violence fait à nouveau rage, l’ONU va évacuer 19 000 musulmans menacés par les milices chrétiennes anti-balaka. La mesure a suscité un vif débat parmi les humanitaires.
La décision sonne comme un aveu d’échec de la communauté internationale, incapable de protéger la population centrafricaine. L’ONU s’est résolue à évacuer quelque 19 000 habitants musulmans menacés par les milices chrétiennes dites anti-balaka.
La mesure était âprement débattue depuis des semaines par les agences humanitaires ainsi que par les forces d’interposition française et africaine déployées dans le pays.
Cette évacuation, la première de cette ampleur organisée sous l’égide de l’ONU, donne raison au nettoyage ethnique mené par les anti-balaka. Les miliciens ont entrepris de chasser la population musulmane assimilée à l’ancien régime de la Séléka, renversé en janvier et coupable d’innombrables exactions pendant son règne éphémère.
«Les habitants qui seront évacués sont assiégés par les anti-balaka dans le quartier de PK12, à Bangui, mais aussi à Boda, Carnot, Berberati, à l’ouest de la capitale, mais aussi à Bossangoa, plus au nord», explique Fatoumata Lejeune-Kaba, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). «Ils nous demandaient depuis des semaines d’être évacués. Leur vie ne tient qu’à la présence des forces étrangères. Leur situation est devenue intenable», justifie-t-elle.
Bangui est le théâtre d’une recrudescence des violences intercommunautaires. L’ONU et la France les attribuent aux anti-balaka, qui sont de plus en plus armés et qui n’hésitent plus à s’en prendre aux forces de maintien de la paix. Mais samedi dernier, ce sont bel et bien des soldats tchadiens qui ont tiré sur la foule dans des circonstances confuses, faisant au moins 24 tués et une centaine de blessés. Ils étaient venus évacuer des compatriotes bloqués dans le quartier de PK12.
La présidente centrafricaine, Catherine Samba-Panza, a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête sur cette tuerie. Quelques jours plus tôt, de jeunes musulmans avaient attaqué des chrétiens pendant un enterrement, tuant vingt d’entre eux.
Il faudra plusieurs semaines pour organiser le transfert des 19 000 musulmans vers le nord de la Centrafrique, là où se sont justement repliés les combattants de la Séléka. Cette réinstallation, censée être temporaire, est un pas de plus vers la partition du pays sur des lignes confessionnelles. Un développement qui était jusqu’à récemment considéré par l’ONU comme dangereux, car créant les conditions d’affrontements futurs.
Suite sur : Le Temps
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