Cantal, Haute-Loire, Maine-et-Loire… près d’une dizaine d’islamistes, condamnés pour terrorisme et ne pouvant être expulsés sur décision de la Cour européenne des droits de l’homme, sont assignés à résidence en zones rurales.
Aux frais de l’État et au grand dam des élus locaux. Et sans les empêcher de rencontrer des complices ou de s’évader… Murat, [...] C’est là, en ces terres reculées et rurales du Cantal, que le terroriste algérien Djamel Beghal, mentor de Chérif Kouachi et d’Amedy Coulibaly – les auteurs des attentats sanglants à Paris -, a été assigné à résidence entre 2009 et 2010. Hébergé à l’hôtel Les Messageries, l’islamiste radical s’est vu infliger, durant presque un an, un exil [...]
Depuis Murat, où il recevait Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly, il fomentait, en toute discrétion, l’évasion de Smaïn Ait Ali Belkacem, l’auteur de l’attentat contre la station RER du Musée d’Orsay en 1995.
Arrêté en 2010 pour ce projet déjoué de peu, Beghal est aujourd’hui incarcéré à Rennes où il purge dix ans de prison.
Comme neuf autres personnes à l’heure actuelle, principalement des islamistes d’origine algérienne, Djamel Beghal a donc connu l’assignation à résidence.
C’est le sort réservé à ceux qui, d’origine étrangère, sont frappés d’une interdiction définitive du territoire français mais ne peuvent être expulsés.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qu’ils saisissent, fait en effet barrage à une extradition vers leur pays en évoquant des risques de torture.
C’est alors l’impasse.
La France, qui ne peut se débarrasser de ceux qu’elle bannit, les installe dans des bourgades isolées, avec interdiction pour eux d’en sortir et obligation de pointer quatre fois par jour à la gendarmerie. [...]
À cela s’ajoutent les frais d’hôtel dont la note était adressée à l’État. Dans le village, on parle d’une facture mensuelle de 3000 euros. «Voilà ce que coûtait ce terroriste chaque mois!» [...]
Aujourd’hui dans le bureau de son entreprise de plomberie, Bernard Villaret, à l’époque maire de la commune, se souvient, quant à lui, comment «le cas Beghal» lui était tombé sur les bras.
Avec brutalité et sans concertation comme le relatent tous les élus confrontés à cette situation.
«Un dimanche, le sous-préfet a voulu me voir en urgence», dit-il. Murat était réquisitionné pour accueillir cet ancien activiste. «Il a fallu désigner l’un des deux hôtels de la commune pour le loger.» [...]
Toujours en Auvergne, à Brioude, située dans le département de la Haute-Loire, à quelques encablures de Murat, l’islamiste Saïd Arif, autre assigné à résidence, s’est volatilisé sans la moindre difficulté en 2013. [...]
Saïd Arif n’avait pas été en reste en matière de provocation.
Avec le gîte et le couvert offerts, Il s’était vanté de coûter à la République française 2600 euros par mois en faisant, au passage, l’apologie du terrorisme dans la presse locale. Il avait notamment précisé: «Les attentats suicides, c’est économique. Avec une voiture piégée, vous tuez 150, 200 personnes.»
Brioude en avait été scandalisé… et s’était ensuite étranglé en apprenant – cerise sur le gâteau – que Pôle emploi lui avait versé 5000 euros. Le pactole lui a permis de se faire la belle et de rejoindre depuis la Syrie… [...] Destinataire de courriers incendiaires, l’ancien secrétaire d’État à l’Intérieur et député UMP du Cantal, Alain Marleix, estime aussi que l’assignation à résidence doit être changée.
«
J’ai reçu des lettres d’élus locaux qui en ont assez que l’on prenne leur département pour une “poubelle” et la sécurité, avec l’obligation de pointage, est inefficace», assure-t-il. [...]
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