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28 mars 2014 01:30


Cécile Chevré, rédactrice de Défis & Profits

Qui aurait pu prédire il y a quelques semaines les conséquences de la montée de la contestation politique en Ukraine ? Dans le domaine géopolitique tout d'abord.

La crise ukrainienne nous donne l'occasion de prendre conscience qu'antagonismes et préjugés entre Russes et Occidentaux sont loin d'être morts avec la chute de l'URSS. Comment interpréter autrement les multiples articles et commentaires pointant du doigt l'impérialisme russe et utilisant Poutine comme tête de turc ? J'imagine que les médias et commentateurs pro-russes s'en donnent aussi à coeur joie sur les ambitions américaines et les timides tentatives des Européens pour faire respecter "le droit international".

Difficile dans l'état actuel des choses de connaître les conséquences politiques sur le long terme de l'affaire russe mais il semble bien que le rattachement de la Crimée à la fédération russe soit entérinée sinon en droit mais dans les faits.

Certaines voix se sont levées outre-Atlantique pour inciter Obama à utiliser l'arme énergétique contre la Russie

Quant aux conséquences économiques, je m'y étais déjà intéressée dans de précédentes Quotidiennes mais, entre-temps, quelques déclarations américaines ont légèrement changé la donne.

L'arme énergétique en action
En effet, la semaine dernière, certaines voix se sont levées outre-Atlantique pour inciter Obama à utiliser l'arme énergétique contre la Russie. "L'Amérique a non seulement le droit de développer et de commercialiser ses ressources naturelles ; au vu du danger croissant, elle en a l'obligation", a ainsi déclaré le président (républicain) de la Chambre des représentants, John Boehner, au Wall Street Journal.


Sous-entendu : les Etats-Unis devraient voler au secours de l'Europe en exportant vers elle gaz et pétrole et lui permettre ainsi de réduire sa dépendance au gaz russe (25% de notre consommation provenant en effet de Russie).

Pour les chantres de ce "plan Marshall" de l'énergie, le gaz américain serait donc un formidable moyen de pression économique et politique sur Poutine. Hum...

Des réserves très stratégiques
Pour ne rien arranger, ces déclarations se sont faites de manière concomitante à une importante décision prise par le gouvernement américain : celle de libérer une partie de leurs réserves stratégiques de pétrole.


Créées dans les années 70, après le Premier choc pétrolier, ces réserves doivent permettre aux Etats-Unis de faire face à une rupture de l'approvisionnement en pétrole pendant quelques jours à semaines.

L'explosion de l'exploitation du gaz et du pétrole de schiste a profondément bouleversé la donne

La constitution de ces réserves s'est accompagnée de l'interdiction d'exporter du pétrole et du gaz vers la plupart des pays.

Mais l'explosion de l'exploitation du gaz et du pétrole de schiste a profondément bouleversé la donne. En quelques années, les Etats-Unis sont redevenus des acteurs de premier plan du monde des hydrocarbures. Fin 2014, le pays est ainsi devenu le premier producteur de pétrole au monde devant l'Arabie Saoudite mais aussi de gaz, devant... la Russie.

Grâce à cette manne, les réserves stratégiques de pétrole américaines atteignent aujourd'hui l'équivalent de 210 jours de consommation, bien au-delà de la limite imposée de 90 jours.

Je ne suis pas sûre que la décision américaine de libérer une -- petite -- partie de ses réserves stratégiques soit liée à l'Ukraine mais elle rappelle à tous que la manne énergétique que représentent le gaz et le pétrole de schiste sont un atout majeur -- que certains voudraient utiliser aussi bien économiquement que politiquement.

Etats-Unis, nouveaux exportateurs ?
L'exportation de pétrole n'est toujours pas à l'ordre du jour mais celle du gaz, oui. Les Etats-Unis exportent déjà leur production vers certains pays comme le Mexique ou le Canada mais pas vers l'Europe. Ce qui pourrait bientôt changer si l'on en croit les récentes déclarations de Washington.


Les Etats-Unis pourraient-ils rapidement devenir un de nos principaux fournisseurs de gaz, capable par exemple de concurrencer la Russie ? Ce n'est pas si simple.

Les Etats-Unis pourraient-ils rapidement devenir un de nos principaux fournisseurs de gaz, capable par exemple de concurrencer la Russie ?

Un problème de droit
Tout d'abord pour une question légale. Les exportations de gaz sont strictement encadrées par le gouvernement américain. Sur les 21 demandes d'exportations déposées jusqu'à présent, 6 seulement ont été autorisées. Et le début des exportations n'est pas prévu avant, au mieux, plusieurs mois.


Tout reste à créer
Autre problème : le manque d'infrastructures. Les gazoducs permettront d'approvisionner les voisins des Etats-Unis mais pas l'Europe... à moins d'envisager la pharaonique construction d'un gazoduc sous l'Atlantique.


Reste donc le transport maritime, sous forme de gaz liquéfié, le GNL. Le processus de liquéfaction du gaz nécessite cependant d'importants investissements dans des terminaux exportateurs. Le premier d'entre eux, installé en Louisiane, ne devrait entrer en fonctionnement que l'année prochaine.

Au-delà de ces terminaux, c'est tout le réseau de transport et la transformation du gaz américain qu'il faut revoir.

Jusqu'à présent, celui-ci était destiné à recevoir du gaz importé de l'étranger, le regazifier puis le transporter vers les zones de consommation. L'exploitation des gaz de schiste a obligé à un bouleversement -- une inversion même -- de ce circuit : il faut maintenant transporter le gaz produit sur le sol américain non seulement vers les zones de consommation mais vers les futurs sites d'exportation. Une modification en profondeur qui ne se fait pas en un jour et qui nécessite un important investissement financier.

C'est tout le réseau de transport et la transformation du gaz américain qu'il faut revoir

Exporter ou ne pas exporter ? Telle est la question...
Enfin, le développement de l'exportation de gaz est loin, très loin de faire l'unanimité au sein de la classe politique et de l'opinion publique américaine. En effet, certains craignent qu'elle entraîne une importante augmentation des prix du gaz sur le territoire américain. Le graphique ci-dessous illustre l'importante disparité des cours moyens du gaz à travers le monde en 2012. Entre les 3 $ le MMBtu aux Etats-Unis et les 16 $ au Japon, la différence est de taille.

Diamant 1

Si bien que certains anticipent une flambée des cours du gaz aux Etats-Unis, ce qui pénaliserait consommateurs et entreprises.

La demande mondiale en gaz est tirée par l'Asie et tout particulièrement par le Japon. Une demande qui n'a fait que croître depuis la catastrophe de Fukushima en 2011 et l'arrêt des centrales nucléaires japonaises. Les Japonais sont donc prêts à payer leur gaz... et cher. Ce qui ferait augmenter automatiquement les cours.

Une grande partie de la classe politique américaine milite donc fermement pour le maintien la "préférence nationale" en matière d'énergie.

En outre, l'importance de la demande asiatique est telle (70% de la demande actuelle) que le principal d'une potentielle exportation de gaz américain prendrait le chemin du pays du Soleil Levant et non pas les rivages du Vieux Continent.

Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
Pour conclure, il me paraît fort improbable que nous puissions dans les années qui viennent nous passer du gaz russe. Et tout aussi improbable que les exportations de gaz américain incitent Poutine à reculer sur la question de la Crimée.

La demande mondiale en GNL est en constante progression, portée aussi bien par la demande des émergents, de l'Asie que de l'Europe

Cependant, je le dis et le répète, la demande mondiale en GNL est en constante progression, portée aussi bien par la demande des émergents, de l'Asie que de l'Europe. Shell prévoit ainsi un doublement de la demande mondiale dans la décennie à venir.

Le GNL fait évidemment partie de notre portefeuille de Défis & Profits, grâce à un transporteur européen. Les excellents résultats trimestriels de l'entreprise, son carnet de commandes bien rempli et l'augmentation prévue de sa flotte dans les mois à venir en font une excellente de valeur pour le long terme.

Depuis notre achat en octobre 2012, la valeur gagne près de 70% et son potentiel me semble loin d'être épuisé. Une valeur au très fort potentiel qui est à retrouver dans Défis & Profits.

 

source : AGORA

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