Tulle, 14.000 habitants, moins d’une centaine de musulmans – qui ont déjà à leur disposition une salle de prière -, s’apprête à faire voter la construction d’une mosquée géante.
1.200 m2 qui abriteront appartement de fonction, salles de prière séparées pour les hommes et les femmes, et quatre salles de cours dont la finalité pourrait bien concerner une école coranique. 1.200 mètres carrés pour accueillir 500 fidèles… N’est-ce pas un peu grand ? En outre, la mosquée située à l’entrée de la ville sera dotée d’un minaret de 14 mètres de haut.
Tandis que dans le Limousin un projet de cette envergure a été passé sous silence par la municipalité socialiste et dénoncé par ses opposants, en Italie, la Ligue du Nord, décrite comme un parti anti-immigration, vient de faire voter une loi rendant « quasi impossible » la construction de mosquées.
Dans cette loi, des amendements :
– Le premier autorise l’organisation d’un référendum régional. En clair, les habitants donneront leur avis sur la question.
– Le deuxième prévoit l’alourdissement de la procédure administrative. Visant, on le présume, à décourager le processus.
– Le troisième exige que l’architecture de la mosquée soit en adéquation avec le paysage lombard. Réalisation difficile.
– Le quatrième conditionne l’obtention de permis à la validation finale d’une« consultation régionale » qui surveillera la construction de très près. Autrement dit, « on vous a à l’œil ».
– Le cinquième, justement, consiste en la mise en place, tout au long de la construction, d’un système de vidéo-surveillance.
Roberto Anelli – l’initiateur et le rapporteur de la loi – espère avoir pu éviter un désastre, « sinon, ils (les musulmans) ne s’arrêteront jamais. Mosquée ne veut pas dire terroriste, mosquée veut dire menace terroriste. » Une nuance, mais une nuance de taille. Lucide, Roberto.
Alors qu’à Tulle, les élus de la mairie socialiste négocient une mosquée dans le dos de leurs administrés, en Lombardie, ceux du conseil régional demandent l’avis des habitants. Alors qu’à Tulle, on s’empresse de parer aux besoins de futures nombreuses arrivées, en Lombardie, on justifie le vote parce que la présence de musulmans dans la région « n’est pas indispensable ».
Surtout, en Lombardie, cette loi – qui inclut églises et synagogues – n’a suscité, en dehors des débats internes au conseil régional, aucune polémique.
Si, dans le fief de Hollande, les habitants sont pour ainsi dire mis devant le fait accompli, à Blaye (4.700 habitants), on veille au grain. Cette fois, ce sont les riverains de la rue Taillasson qui se rebiffent : pas de mosquée dans leur quartier. La raison ?
Elle est donnée par le maire – un ancien communiste pourtant favorable au projet – qui reconnaît « le rapport difficile que les musulmans peuvent vivre avec leurs voisins ».
À Blaye, on se sent parfois plus près de la Lombardie que de la Corrèze.