Hier, on avait Maurice Thorez et Georges Marchais. Aujourd’hui, nous avons Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Arthaud et Philippe Poutou. Le communisme français est encore debout. Quels sont ses racines ? Pourquoi le filon totalitaire est toujours intact alors que le PCF est mort ? Voici quelques questions auxquelles répond l’essai de Stéphane Courtois, Le bolchévisme à la française, Fayard.
Par Bogdan Calinescu.
Publié en collaboration avec l’aleps.
Dans l’Introduction de cet ouvrage, Stéphane Courtois écrivait : « Il est clair que si le PCF a pu, un temps, rencontrer des niches idéologiques et sociologiques favorables à son développement, elles ont disparu depuis longtemps, et qu’il n’a pas su – ou pas voulu – modifier son être pour continuer d’exister en tant que force pesant dans la vie politique. Sans doute ne persistera-t-il bientôt que comme fossile, témoin d’une époque révolue. ». C’était en 2010. Depuis la candidature de Georges Marchais en 1981, le parti avait perdu 83% de ses électeurs et 75% de ses adhérents. En 2007, Marie-Georges Buffet n’a réuni que 1,9% des voix et seulement 4% des ouvriers avaient voté pour elle. Aux dernières élections présidentielles, pas moins de 4 candidats se réclamaient du communisme et l’un d’entre eux, Jean-Luc Mélenchon, était même donné grand favori pour devenir le troisième homme. Finalement, il n’a été « que » le quatrième mais en faisant mieux que le candidat du centre. Avec plus de 11% des voix, l’idéologie communiste semble sur le retour. Stéphane Courtois aurait annoncé trop tôt la fin du communisme français ? Je ne le pense pas malgré son score actuel qui ressemble plus à des soubresauts conjoncturels qu’à une renaissance.
Dès 1973, lorsque Courtois commence ses recherches sur ce phénomène, la mort du communisme se profilait à l’horizon. Ce n’était qu’une question de temps. Durant toutes ces décennies, il n’a eu de cesse, en collaboration aussi avec Annie Kriegel, d’étudier le parti et son appareil. Comme il l’explique très bien, le PCF cachait en réalité deux partis : celui du peuple communiste et celui de l’ « appareil ». Ce dernier était le véritable parti bolchévique à la française formé de révolutionnaires professionnels que Lénine exigeait. C’est cet appareil qui dirigeait le PCF grâce aux ordres reçus de Moscou. C’est lui qui a soutenu l’alliance avec Hitler et c’est encore lui qui a manipulé l’Histoire à la Libération et pendant la Guerre froide. Avec l’ouverture des archives soviétiques, on a pu constater l’inféodation des communistes français au Kremlin, en particulier des années 1920 aux années 1960. Le « bolchévisme gallican » a été aussi totalitaire que celui soviétique. Il a bien voulu s’emparer du pouvoir par la force en 1945 comme cela s’est passé dans les pays de l’Est de l’Europe.
Comment a pu prospérer au sein de la démocratie française un parti totalitaire ? Et comment cette idéologie criminelle peut-elle faire encore des émules ? C’est à ces questions aussi que répond l’ouvrage de Stéphane Courtois. Jusqu’à la fin des années 1980, il était même impensable d’accuser le PCF de totalitarisme. Avec l’ouverture des archives soviétiques au début des années 1990, les chercheurs ont eu la confirmation de la tentation totalitaire des organisations communistes dès les années 1919-1920. Le Komintern n’a eu de cesse de contribuer à la mise en place de partis communistes dont le programme soit basé sur la haine de la démocratie représentative. Les leaders de ces partis étaient choisis sur « dossier » et le contrôle sur leurs activités était absolu. L’individu n’existe plus en tant que tel, il est totalement soumis aux dirigeants de Moscou.
Malheureusement, le totalitarisme communiste n’a pas encore disparu comme l’ont montré les élections présidentielles. Il continue à se nourrir de la crise et de l’antilibéralisme, comme l’écrit Stéphane Courtois dans la conclusion de cet essai qui nous donne les clefs pour comprendre.
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